Avant de commencer la création d’une nouvelle œuvre, je cherche toujours à vivre une transformation profonde de mon être afin d’être certaine que l’œuvre soit réellement "nouvelle". En 1992, lors d’un jeûne, j’ai une hallucination auditive : j’entends Le Sacre du printemps de Stravinsky. Quelques semaines plus tard, fascinée par cette hallucination, j’achète l’enregistrement du Sacre. Une révélation. Comme si j’entendais dans cette musique tous les rythmes qui m’habitaient depuis des années, je chorégraphierai le Sacre du printemps! Une première pour moi qui, pendant 16 ans, n’avait jamais travaillé sur une musique préexistante. J’écoute la musique à partir de la colonne vertébrale, la colonne en est fouettée, bras et jambes en répercutent l’onde.
Marie occupe une place singulière dans le monde de la danse. Choisir de s’attaquer à la question de la gravité, c’est faire du corps un lieu d’exploration dans ce qu’il a de charnel, de terrestre et de présent. Dès les premiers solos, elle marque son territoire - le corps devient le lieu d’une quête qui vise à l’exposer sous toutes ses facettes. Marie bouge, tourne et se retourne, s’accroupit, urine, crie, souffle. Ses longs cheveux dansent aussi, en suivant l’élan du corps, les multiples directions qui sont impulsées par cette recherche intense. La danse se déploie avec le corps. Le mouvement coule d’une source invisible, inconnue, toujours en déplacement, comme quelque chose que l’on gagne pour aussitôt le perdre. Un échappement perpétuel.
Quand tu exécutes le mouvement, quand tu es vraiment à l’intérieur de la chorégraphie de Marie, quelque chose arrive, un sentiment surgit. C’est difficile à décrire. Ç’a à voir avec la réaction de tes muscles, la façon dont ta respiration passe quand tu te mets à bouger. On dirait que ça t’élève au-dehors de toi-même... Marie, comme chorégraphe, est très disponible pour les danseurs. Elle ne nous force jamais à nous conformer à sa façon personnelle de bouger. Elle nous accueille entièrement. Tout ce qu’elle nous demande, c’est d’être attentifs, d’être présents.
dans la nuit
sa vulve pulse
ce n’est pas qu’elle désire un homme
elle garde battant
le pouls du monde
La pénétration
Le spermatozoïde qui perce l'oeuf
La fêlure dans le diamant
Le bébé qui sort du ventre de la femme
Le soleil qui transperce les nuages
La graisse du Bouddha et
son pénis tranquille qui touche le sol
cher univers
ma floraison de feux
mon orgiaque éphémère de 15 milliards d’années
ma poupée gigogne
ma mère qui s’en fout
mon énorme
tu vas où ?
au sortir du concert
des lucioles
a capella
nous offrent
des réponses
à aucune question