Les zones d ' habitat social qui voient le jour dans les années de l ' après-guerre en France présentent d ' autres traits originaux. Elles se caractérisent notamment par le fait que les mécanismes de constitution de la population aboutissent à faire cohabiter des catégories qui, d ' ordinaire, ne voisinent que dans les statistiques (Chamboredon et Lemaire, 1971). Par conséquent, les habitants se trouvent d ' emblée placés dans une situation de cohabitation forcée qui engendre des modifications importantes dans leur rapport au quartier et à l ' école. On observe notamment la mise en place de stratégies quotidiennes d ' évitement afin de fuir le contact avec " les autres" et, en particulier, de la part des familles françaises ou d 'origine eeuropéenne, avec les familles d ' origine maghrébine. Ces stratégies se traduisent par un repli sur la cellule familiale et de l ' espace privé du logement, par l ' utilisation sélective des espaces publics et des équipements du quartier, par le refus de participer aux associations ou aux manifestations collectives locales.