Arbre mon ami,
mon pareil à moi,
si lourd de musique
sous les doigts du vent
qui te feuillettent
comme un conte de fées,
arbre
qui comme moi
connais la voix du silence
qui balance
le profond de tes mèches vertes
le frisson de tes mains vivantes
arbre
mon ami
mon tout seul
perdu comme moi...
Poème pour une chanson
Pour B. B.
J’ai cueilli trois feuilles d’automne
et j’en ai fait mon bateau
et le ventre de la mer
en reste taché de sang.
J’ai cueilli trois rayons de lune
pour en gréer mon bateau
et la robe de la mer
en reste brodée de perles.
J’ai cueilli le tronc d’un chêne
pour en faire le grand mât
et tout le cœur de la mer
a retenti de son cri !
J’ai cueilli trois oiseaux d’écume
et j’en ai tissé ma voile
et contre la joue du ciel
elle glisse comme une larme.
La nuit a cueilli trois rêves
pour attirer mon bateau
la vie battante de la mer
l’a tout noyé de plaisir.
Le nylon du ciel et des vagues
s’est refermé sur mon bateau
il n’en reste rien, qu’au levant
une larme couleur de sang.
Source du poème : Minou Drouet, Arbre, mon ami, Julliard (1956).