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Citation de Cielvariable


Dans sa distraction, elle sentit une main masculine sur son épaule, une haleine d’alcool près de sa joue. Ça empestait le scotch de mauvaise qualité. Se retournant, elle vit une physionomie basanée, des yeux noirs qui couvraient de convoitise son visage délicat.
— Salut, t’es bien jolie…
Elle recula d’instinct, attrapant à tout hasard la première chose que ses doigts touchèrent, le bras solide de son voisin. Elle sentit sa veste angora rose glisser vers le sol. Tentant d’ignorer l’intrus, elle regarda au pied de sa chaise. L’homme à ses côtés, qui ne lui avait pas adressé un mot de la soirée, se leva brusquement, dominant l’importun de toute sa hauteur. Ce dernier plissa ses yeux obscurs, se hasardant à le provoquer, sa poigne, toujours sur l’épaule de la jeune femme, resserrant son étreinte.
C’est là qu’elle vit les traits de Maxime Grondin, son héros de fortune, pour la première fois. Il la scruta du regard. Elle secoua vivement la tête. « Non, je ne le connais pas », sembla-t-elle dire. L’envahisseur n’eut pas le temps d’insister, il était déjà repoussé jusqu’à la rue par la seule volonté de son adversaire improvisé, celui-ci incontestablement plus fort.
Le nouvel allié spontané de Bernise était un homme vigoureux, sûr de lui. Ses cheveux bruns ainsi que son nez droit lui donnaient un air d’acteur de cinéma, pourtant, il y avait quelque chose de dur dans ses traits. Elle le connaissait de nom, Julia lui ayant un jour mis sa photo sous les yeux. « Regarde comme il est beau ! C’est l’ami de Tom ! » C’était un article de journal titrant « Les Entreprises Grondin inc. ont amassé dix mille dollars pour les enfants cancéreux, deux hommes posaient avec trois bambins chétifs et chauves, tenant une reproduction très grand format du chèque. »
De retour à la table, Max s’appliqua à faire glisser la veste de la jeune femme sur son dossier. Chacun à son bavardage complaisant, les autres convives n’avaient pas remarqué la scène. Le portable de Bernise vibra.
— Un message important ? lui demanda Max, ignorant délibérément la dernière envolée passionnée de son frère sur l’économie américaine qui tombait en crise.
Bernise colla son téléphone contre sa poitrine. C’était Julia qui la textait, elle l’attendait près de la sortie.
— Oui, mentit-elle, je dois partir. Merci de m’avoir débarrassée de ce… cet… individu.
— De rien… C’est la moindre des choses.
Bernise se leva d’un bond, s’excusa d'emblée et se fraya un chemin parmi les convives. Elle fit le tour de la table pour glisser sa carte professionnelle à Jeannette Plouffe qui était en grande conversation sur le désastre laissé par George W. Bush. Jeannette lui adressa un clin d’œil sans interrompre son discours. Bernise marcha d’un pas plus ou moins assuré jusqu’à Julia.
Maxime Grondin suivait derrière. Pour un peu, Bernise se serait demandé s’il l’avait attendue.
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