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Citation de Cielvariable


Préoccupée par l’état de Sylvain, Sophie avait traversé péniblement un mardi infernal. Elle avait tellement mal dormi la nuit précédente que chaque geste, chaque effort lui semblèrent une montagne infranchissable, sans parler du fait que sa motivation au travail était à zéro. Elle avait passé la journée à tendre le cou pour surveiller l’entrée, au cas où Philippe arriverait. Denise lui avait demandé ce qu’elle avait de travers à plusieurs reprises. Chaque fois, elle avait répondu « rien du tout ». Naturellement, la dame n’était pas dupe.

Ce soir-là, elle fut sur le qui-vive devant le téléphone. Philippe devait la tenir au courant. La sonnerie la fit sursauter, elle se rua sur l’appareil.

— Soph ! C’est moi.

— Guillaume, j’attends un appel de Philippe. Je peux te rappeler ?

— Bien sûr que non ! Je suis déjà en route.

Une demi-heure plus tard, Guillaume arriva en même temps que la sonnerie du téléphone. Heureusement, sa porte arrière était encore déverrouillée, Guillaume n’eut pas besoin que Sophie lui ouvre.

— Allo ?

— Sophie, c’est Philippe.

— Philippe ! Es-tu allé le voir ?

— Je suis en bas, je peux monter ?

— Naturellement que tu peux ! Je t’attends.

Guillaume faisait des signes d’impatience à Sophie, il trépignait.

— Il est là, curieux que tu ne l’aies pas croisé.

— Merde, avoir su, je t’aurais laissée seule avec lui.

— Pourquoi ?

Guillaume n’eut pas le temps de répondre, il abrégea donc sa pensée d’un clin d'œil. Philippe sonnait déjà. Sophie descendit ouvrir. Lorsqu’elle fut devant Philippe, à sa porte dans l’air frais de ce soir d’octobre, elle oublia la raison de sa présence l’instant d’une fraction de seconde. Ah oui, Sylvain.

— Salut Sophie, je t’ai amené de la visite.

Derrière lui se trouvait Sylvain. Il était un peu cerné, sa barbe datait de plusieurs jours, mais son sourire hésitant le rendit adorable.

— Sylvain ! sourit-elle spontanément.

— Sophie… Je peux monter ?

Les deux frères la suivirent dans le long et étroit escalier intérieur typique des appartements montréalais. Guillaume fit une accolade empreinte de familiarité à Sylvain.

— C’est bon de te voir Sophie… Enfin, mieux que la dernière fois. J’ai un peu flippé et je voulais m’excuser de t’avoir mise dans une situation délicate.

— Je t’arrête Sylvain, c’est tout oublié. Enfin, tu vois ce que je veux dire, bafouilla-t-elle. La seule chose importante est que tu te portes bien.

Même si ses paroles étaient légères, le regard de Sylvain fut d'une lourdeur extraordinaire.

— Je me porte bien.

— Ça y est, tu es sorti du centre ?

— Non, j’y retourne demain. J’ai eu un congé, ça fait partie de la thérapie. Faire la paix avec les dommages, tu sais…

Sophie regarda Philippe l’espace d’un instant, il n’avait pas détaché son regard d’elle depuis qu’ils étaient entrés. Il était difficile à déchiffrer, absent, impassible comme d’habitude.

— Peu importe, je suis seulement très contente de te voir, Sylvain.

Il la fixa avec émotion.

— Moi aussi. Je suis désolé de n’avoir pas pu te parler avant que mes deux ogres de frères m’embarquent.

— Des ogres, vraiment ?

— Mettons que je n’ai pas eu le choix.

Philippe restait coi, il continuait de regarder Sophie sans participer à la conversation.

— Peux-tu vraiment les blâmer ? hasarda-t-elle, très incertaine de la réponse qu’elle allait recevoir.

Sylvain considéra son frère et s’il remarqua que celui-ci fixait Sophie depuis de longues minutes, il ne releva pas ce fait.

— Non, je ne les blâmerai jamais de rien. Ils me protègent depuis que je suis petit, ce n’est pas aujourd’hui que ça va arrêter.

Philippe se leva.

— On doit partir, Anna nous attend.

Sylvain s’approcha de Sophie pour lui faire la bise.

— Je tiens le coup grâce à toi, Sophie, lui chuchota-t-il à l’oreille. J’ai pensé à toi tous les jours..., hum, toutes les heures, en fait.

Il salua Guillaume avant de suivre Philippe qui était déjà dans l’escalier.Lorsqu’ils furent partis, Guillaume s’était couché de tout son long sur le divan. Sophie s’était rassise dans le fauteuil en face de lui.

— Épatant. Hallucinant. Je viens d’assister à une scène démente. Je suis tellement content d’être venu ce soir !

— De quoi parles-tu ?

— Deux hommes s’arrachent ma Sophie, et ce, sous mes yeux.

— Tu fabules. Parle-moi plutôt de ta soirée d’hier. Tu as une photo de ton prospect ?

— Ne change pas de sujet. Sylvain est encore gaga pour toi.

— Oui, soupira-t-elle, on dirait bien.

Il était difficile de ne pas l’admettre. Comme s’il avait autre chose à signaler, Guillaume la dévisageait d’un air narquois, Sophie lui rendit son regard en levant des sourcils interrogateurs.

— Philippe est en transe quand il te regarde, finit-il par déclarer.
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