Qu'est-ce qui avait motivé pendant des siècles la haine et le rejet dont les filles-mères étaient l'objet ? Le fait qu'elles ne soient pas mariées ? Ou le fait que l'absence de mariage rende leur sexualité crue, visible, réelle en somme, pas abritée, pas surveillée, pas régulée ? C'est cela que l'on avait voulu tuer et c'est peut-être cela que je traversais à ma manière, bien des années plus tard et dans une toute autre condition. Me dire enceinte, c'était apparaître dans l'habit souillé de la sexualité des femmes. (p. 104)