AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Pivoine29


Tes journées, tu les passes au lycée, à la bibliothèque, dans le parc de la ville, et surtout, dès que tu le peux, chez Klara. Tu fais partie de la famille. Une famille bien enracinée, rassurante et structurante, tout le contraire du champ miné qu'est la tienne. Chez les Hoos, tu picores quelques graines, te sustentes de jus de légumes centrifugés, d'infusions de plantes, tandis que Klara et la petite Els consomment des nourritures plus consistantes. Mais personne ne te dit rien, personne ne semble remarquer que tu es devenue un petit tas d'os, personne jusqu'à ce que Bonny, la mère de Klara, te prenne un jour à part.
- Zoé, tu ne voudrais pas venir me voir un de ces jours au cabinet ?
[...]
Le rituel est immuable, tu t'assieds et tu parles, tu parles sans la regarder, sans t'adresser particulièrement à elle, tu as ouvert les vannes d'une parole trop longtemps contenue et dont il est devenu urgent d'évacuer le trop-plein. Tu ne parles que d'Elle, ou plutôt d'Elle-et-toi, de toi-et-Elle, sujet unique, obsession têtue. Sur vous, tu es intarissable, et c'est un flot sombre et douloureux qui se répand dans le cabinet de Romy, à jets continus, éclaboussant les murs clairs qui absorbent aussitôt.
Tu racontes le dérèglement de votre relation, vos joutes quotidiennes, ton impossibilité à trouver grâce à ses yeux, à être acceptée telle que tu es, sa folie et la tienne.
Romy parle peu, elle t'écoute. T'écouter, elle ne fait que cela. Tu sors lessivée de ces séances bihebdomadaires.
Tu as promis à Romy d'essayer de ne plus vomir, mais tu as du mal à t'y tenir. Ton estomac est un tyran tout-puissant et paresseux qui refuse de faire son boulot, se cabre, secrète des tonnes de sucs acides. Tu mets des heures à digérer un repas de rien du tout, tu as sans cesse mal au coeur. Tu es une grosse machine humaine déréglée.
Chez Klara, tu arrives tant bien que mal à contrôler la situation, leur calme à tous t'apaise, mais à la maison, l'horrible machine s'emballe, se grippe, se bloque sur un mot, un sarcasme, un regard.
Et tu vomis sa méchanceté à Elle, tu vomis l'aveuglement de papa, tu vomis l'indifférence de Madeleine et de Titus, tu vomis l'absence de Tristan, tu te vomis toi-même.
Commenter  J’apprécie          00









{* *}