Citations de Mariette Mignet (180)
Mais le devenir du féminin concerne les deux sexes et ne peut se passer ni de l'homme ni de la femme. Nous dirons que, pour chacun, il s'agit d'un travail dialectique entre logos et Eros dans la réciprocité. Si, pour la femme, la conquête de son propre logos n'est pas une imitation de l'homme, pour celui-ci, l'Eros peut lui permettre d'adoucir un logos la plupart du temps porté à l'extérieur en termes de pouvoir, pouvoir sur l'autre et pouvoir sur les autres (discours politique ou professionnel)à. L'intimité du couple peut alors se transformer en échangeant mutuellement les qualités d'Eros et de logos.
Finalement Jung dira en 1912 : "Je tiens à déclarer que la Libido au moyen de laquelle nous opérons n'est non seulement ni concrète, ni connue, mais qu'elle est un véritable X, une pure hypothèse, une image, quelque chose d'aussi insaisissable que l'énergie du monde physique."
Avec la figure de l'inceste symbolique reconnue comme organisateur inconscient, Jung se fait plus radical que Freud dans sa conception du transfert. Le sacrifice définit est celui du fantasme du retour à la Mère (retour qui correspondrait alors à la non-vie), par un ressourcement et une réorientation (sacrificielle) de l'énergie qui lui était consacrée En conséquence, la relation se définit comme relation à l'autre en soi et à l'autre à l'extérieur de soi, expérience de la rencontre analytique.
Jung [...] pense au contraire que, lorsque l'analysant aura compris que ce ne sont plus seulement ni sa mère ni son père qui sont sources de son conflit et de son mal-être, il pourra se confronter à sa vérité : son conflit est actuel.
Comme Jung le comprend à travers les oeuvres de maître Eckhart, de Nietzsche, de Wagner. "Là où règne l'amour, la puissance individuelle n'a nul pouvoir et là où domine cette puissance, il n'y a point d'amour', Jung.
Plus tard, en mettant en dialectique la sexualité et l'esprit, il entendra que la passion physique et la passion spirituelle se comportent comme des soeurs "ennemies" - un couple d'opposés qui forme l'une des sources les plus fécondes de l'énergie psychique.
En tant que profane, il parle par mythes, la religion devenant objet de recherche sur les contenus psychiques, ce qui lui permet de la critiquer ; par exemple, dit-i, la religion chrétienne est creuse à un degré terrifiant, seulement un vernis extérieur qui a laissé l'homme intérieur inchangé.
Nous observons que la question de Dieu-père-créateur croise la question du masculin, tandis que la question de l'esprit - énergie créatrice à travers la génération - rencontre la question du féminin. L'imago paternelle a influencé la forme des religions plus récentes, tandis que les plus anciennes l'ont été par l'imago maternelle.
[Jung] Si l'activation de l'inconscient collectif est provoquée par un effondrement de toutes les attentes, de tous les espoirs conscients, le danger s'accroît de voir l'inconscient prendre la place de la réalité consciente. Or, pareille situation est maladive.
[Agnel] Un des aspects les plus novateurs de l'oeuvre théorique de Jung tient à la place qu'il a su donner à la différenciation, qu'il faut entendre comme une ascèse de séparation et de limitation, passant par un examen critique des présupposés inconscients et un retrait des différentes projections dans lesquelles la subjectivité est d'abord prise. C'est alors qu'elle peut être "portée à son comble", c'est-à-dire qu'elle peut se vivre au plus loin de l'anecdote personnelle et au plus près du noyau intime qui constitue le sujet dans sa vérité à la fois singulière et universelle.
L'élaboration jungienne d'un féminin intérieur prit du temps. Jung lui-même, tout comme Freud, homme de son temps, n'est pas exempt de réflexions misogynes, on le voit au détour de la lecture de certains textes.
Reconnaître l'anima/animus (féminin complexe dans l'homme et masculin complexe dans la femme) ne correspon dpas à neutraliser la différence seuxelle. Au contraire, cette reconnaissance de l'autre à l'intérieur de soi conduit à envisager la pluralité, la complexité, l'irrémédiablement autre ; l'androgynie psychique correspond à cette reconnaissance de l'autre, tout au contraire de ce que ferait une dissymétrie défavorable à la femme.
[Agnel] "Freud et Jung ont eu deux façons bien différentes de compenser la défaillance paternelle. Freud "corrige" son père, qui n'est pas assez "grand" à ses yeux, en rejouant son rôle sous une forme idéalisée. Jung découvre en lui-même des images archétypiques qui lui apportent les informations et les réponses que son père a été incapable de lui donner. Deux positions héroïques se dessinent ainsi, qui se retrouvent dans la clinique : celle de l'enfant correcteur (cet adulte "prématuré" qui rejette dans l'ombre les valeurs de l'enfance pour tenir le r^me du parent défaillant), et celle de l'enfant divin (qui donne accès à une expérience du si, mais coupé du corps familial".
L'imago est l'image formée dans l'enfant à partir de son expérience de la mère en rapport avec l'idée qu'il porte en lui de la mère - c'est la différence entre l'individu réel et l'image que nous nous en faisons.
L'anima n'est pas la mère, ni la femme, ni même l'imago, mais un complexe qui inclut tous cs niveaux rassemblés en une conception de la vie elle-même.
... Jung préférera l'approche des alchimistes, avec lesquels il partage l'expérience que le Soi est un phénomène tout autant physique que psychique, qu'ils exprimaient sous la forme de "l'esprit caché dans la matière" ce qu'on peut traduire par "la psyché dans le corps".
... la thérapeutique analytique jungienne par la personnification des complexes, au lieu de favoriser une identification mimétique avec l'Autre inconscient, favorise une différenciation et un rapport conscient à cet Autre.
... la perte de réalité, dans la schizophrénie, est plus large que la seule perte de l'instinct sexuel.
... chez certains schizophrènes, l'intérêt érotique est resté très vivant alors que l'instinct de conservation a disparu. Jung ne peut donc expliquer par une théorie purement sexuelle des désordres fonctionnels affectant le domaine de la faim aussi bien que celui de la sexualité. Les malades construisent un monde fantasmatique auquel il sacrifient leur adaptation à la réalité.
La suppression de la fonction de réalité dans la Dementia praecox ne se laisse pas réduire au refoulement de la libido (définie comme faim sexuelle), du moins moi je n'y arrive pas. Votre doute me montre que ce problème n'est pas soluble de cette façon pour votre conception non plus.