LAISSES D'ENFANCE
2.
le goût des cailloux bleus sous la langue
et les mouches tombées entre les longs rideaux d'enfance
quelques unes encore grésillantes au revers du coton
en retrouver la simplicité
en murmurer le mot
ce n'est pas si difficile
près du miroir il y avait le lit cerclé des enfants là où les visages disparaissent des photos là où la nuit tu étouffais sous les chevaux de la tapisserie si vaste et giboyeuse d'armes de sabots de fils rouges et terreux
tu croyais qu'il aurait suffi de dire
je connais les bornes et les barrières
les pistes cavalières et les sentiers
pour que l'air tout à coup revienne et mate le sifflement
de tes poumons
mais dans l'enchevêtrement des courbes animales et
les bataillons de coudes et de
jarrets
ça durait au-dessus de ta tête
ça durait l'odeur du velours ras
jusqu'aux écorces éparses de l'aube