Voici enfin me retour sur ma lecture masse critique de septembre. Je me souviens m'être connectée très tard dans la journée pour faire ma sélection, il ne restait que 3 livres.... et je me suis dit qu'un recueil de poésie pouvait être un expérience un peu différente que ce que je lis d'habitude.
Merci à Babelio de m'avoir sélectionnée, et à L'Atelier contemporain de m'avoir envoyé ce beau livre.
Parce que c'était un peu ma réaction en ouvrant le colis : Ouaouh... un vrai livre avec une vraie couverture épaisse et rigide. Avant de l'ouvrir il me plait, c'est déjà un bel objet.
Ensuite, je me suis lancée dans me lecture, qui ne fut pas très facile pour moi : je ne suis vraiment pas une experte de la poésie, et j'avais un peu peur de ne rien comprendre....
Mais j'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir ces vers, cette musique, ces sonorités... peut-être suis-je passée à côté de certaines choses... mais qu'importe le plaisir de la lecture est là.
Il n'y a que le dernier tiers qui m'a un peu moins touché..... je ne sais pas pourquoi, je n'arrivais à accrocher au texte.
Et il y a aussi les illustrations. Autant j'ai trouvé leur rôle de séparation des "chapitres" assez agréables, autant je n'ai pas compris leur sens... Je suis donc restée un peu perplexe en face de ces pages.
Souvent je fais don de mes livres reçus en masse critique à ma médiathèque de village.... mais cette fois ce ne sera pas le cas. Ce livre là reste chez moi, je pourrai de temps en temps feuilleter quelques pages au hasard.
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Merci à Babélio pour l'envoi dans le cadre d'une masse critique!
Je ne vais pas y aller par des détours : je n'ai pas aimé ce recueil… En toute honnêteté, c'était prévisible car vraiment la poésie et moi ça n'a jamais été ça ! Je suis donc franchement passé à côté de ce recueil, du sens, de sa beauté; je n'ai pas compris le message des illustrations liées; je n'ai pas accroché aux sonorités! Cela m'a au moins confirmé que la prochaine fois je m'abstiendrai plutôt que de choisir un livre "un peu par défaut".
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LAISSES D'ENFANCE
4.
mère aimante les longs matins de givre dans le froissement des feuilles
au-dessus des roches
mère déjà si lointaine transparente parmi les averses trémières et les
minuscules violettes
oublieuse de toi de nous à force de chercher aux traînes de l'enfance ta voix
ta voix emmurée
transie de petite fille sans mère pour toi mère pour un fils mère
inconsolable
mère sans voix si sage et muette
(l'enfance passait blottie entre les galets et la laine de verre
on tenait dans nos paumes un instant la chanson du glacier qui allait
de village en village
pénétrant nos cabanes et les branchages au dessus du ru
Dolloir permanent Dolloir
es-tu l'ombre ou la douleur
es-tu le souvenir du fleuve gelé franchi en une nuit
ou celui du grand yaka le visage mangé par sa cape comme une aile
noire craquée de froid et de folie sur le paysage d'enfance
la peur toujours saisit les reins comme à cinq ans)
nuit si longue aujourd'hui
à contempler le peu
de jour qui s'efface au bout des branches
mère agenouillée près du bois
sous la fumée et le trot des loirs
(l'enfance appelle dans mes nuits de cave)
LAISSES D'ENFANCE
3.
entre les briques et les briques
tout ce salpêtre
creusé ongles nus dans l'été immobile
les langues des vaches s'allongeaient pour atteindre les pommes
jusqu'à ce que
tout à coup la cour
devienne trop petite rétrécie pour le charroi
et le gravillon sans poids dans la main
on était si jolies et méchantes et si gaies
à compter les fraises au pied du mur à recopier les crinolines
des gravures
pendant qu'un à un s'ajoutaient les carrés de laine mêlés
aux billes de terre les carrés de laine
pour langer les morts futurs
jeux familiers
dans l'odeur des légumes cuits et des pruneaux
le lapin attendait ventre ouvert
un aboiement enfin
traversait la fraîcheur du soir)
grenier rapiécé des campagnes comment te dire
comment dire le fer repeint chaque été la craie sur
les doigts les dictionnaires
appris par cœur et l'essoreuse dans son bruit de
carlingue
et comment dire le convoi d'octobre dont les roues
ont émietté les ardoises
essaie
mais à quoi bon
(aussi l'odeur humide la nuit quand ça t'étreint)
LAISSES D'ENFANCE
1.
tenter aujourd'hui aux régions natales et incertaines le souvenir vandale des ronces rue du point du jour elles griffaient les genoux les tibias en notre jeune sang lorsqu'on se hissait dans l'embellie pour cueillir les mûres qui éclataient douces et noires au tournant du chemin là où de ses mains il avait bâti
il ne restait plus qu'un peu d'herbe sur l'emplacement de quoi s'agripper encore en nos mémoires mêlées de rêves
nous qui fûmes d'un pays autrefois clair
la rue montait plus loin que le petit pont plus loin que la vieille poste et la route des corneilles continuait jusqu'au minuscule cimetière entre les champs et l'église des moissons anse d'apaisement pays des mères et des enclos on exultait dans le soleil
refaire du bout du doigt le dessin des dalles polies alignées droites en longue échine les noms photos et médaillons des enfants qu'on énumérait on les énumérait toi et moi tout à notre gaieté bourdonnante avec nos robes courtes et nos bracelets et on sautait au rythme de la bêche solange simone louise marcelle la comptine de la Ville-aux-Bois parfois jusqu'à la nuit la comptine pour se préparer à être terre comme toi
les mains arrachaient l'herbe actionnaient le levier de la fontaine
apprivoisant la place
et 1'eau glacée éclaboussait nos pieds
LAISSES D'ENFANCE
2.
le goût des cailloux bleus sous la langue
et les mouches tombées entre les longs rideaux d'enfance
quelques unes encore grésillantes au revers du coton
en retrouver la simplicité
en murmurer le mot
ce n'est pas si difficile
près du miroir il y avait le lit cerclé des enfants là où les visages disparaissent des photos là où la nuit tu étouffais sous les chevaux de la tapisserie si vaste et giboyeuse d'armes de sabots de fils rouges et terreux
tu croyais qu'il aurait suffi de dire
je connais les bornes et les barrières
les pistes cavalières et les sentiers
pour que l'air tout à coup revienne et mate le sifflement
de tes poumons
mais dans l'enchevêtrement des courbes animales et
les bataillons de coudes et de
jarrets
ça durait au-dessus de ta tête
ça durait l'odeur du velours ras
jusqu'aux écorces éparses de l'aube