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Citation de KotolineBastacosi


C’est le soir même où l’on apprit la foudroyante nouvelle de la mort de Flaubert que Gil Blas me fit l’honneur de me demander un article sur le grand écrivain. Je voulus tout de suite lui rendre ce suprême hommage. Mais la plume me tomba des mains, à la pensée du peu de temps que j’avais pour me recueillir et pour mesurer un maître de cette taille. Puis, il faut le dire à son honneur, le deuil qui frappe ainsi la littérature française est comme un deuil de famille, tant l’homme était aimé et vénéré par tous ceux qui écrivent, et la douleur éprouvée fut vraiment trop forte pour vous laisser l’esprit libre. J’ai donc été forcé de remettre au lendemain, et, malgré ce répit, je me sens encore peu sûr de moi, je l’avoue, pour parler comme il convient du génie que la France vient de perdre.

Mais qu’importe, après tout, puisqu’il s’agit de saluer et non de juger, en face d’une grandeur incontestable ? Qu’importe aussi un jour de plus ou de moins, et de cueillir la fleur passagère de l’actualité sur cette tombe où va s’épanouir l’immortel laurier d’une gloire que le temps ne saurait désormais flétrir ?

L’œuvre de Flaubert est trop célèbre pour que je fasse aux lecteurs l’injure de la leur raconter par le menu, et, d’autre part, elle est encore trop récente pour qu’il soit loisible de lui assigner dans l’histoire littéraire de notre temps la place qu’elle prendra aux yeux de la postérité. Je voudrais seulement essayer de montrer, en me servant des procédés mêmes du maître, de quels éléments elle se compose, d’où elle est issue, à quoi elle tendait, et ce qui en fait la haute valeur, non seulement artistique, mais philosophique.

Début de la chronique de G. de Maupassant.
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