Marine Carteron

Si le garçon a toujours son téléphone à portée de main c’est parce qu’il a promis à sa mère d’être toujours joignable. Autrement, elle ne l’aurait jamais laissé venir au stage. Le problème, c’est qu’elle l’appelle vingt fois par jour.

Logan ne peut pas faire autrement que de décrocher.

– Maman, je t’ai déjà demandé de ne pas m’appeler… si je me fais prendre, je serai viré, chuchote-t-il.

À l’autre bout du fil sa maman se justifie. À une heure aussi matinale, elle croyait qu’il dormait.

– Je voulais te laisser un petit bonjour sur ta messagerie… d’ailleurs, que fais-tu debout ?

Logan grimace. S’il ne veut pas voir débarquer sa mère, il a intérêt à trouver une excuse plausible.

– J’avais envie de faire pipi… mais là je vais me rendormir, répond-il en bâillant ostensiblement.

– Tu es certain que tu vas bien ? Tu ne t’es pas blessé pendant tes entraînements, j’espère ? Parce que si tu veux, je peux venir te chercher, insiste Mme Van Mersac.

Au départ Logan a accepté l’invitation de maître Saburo pour être tranquille. Depuis le divorce de ses parents, sa mère est sans arrêt sur lui et il commence à étouffer.

Maintenant qu’il a une mission, il a une raison de plus pour rester et il est hors de question qu’il reparte. Ses amis comptent sur lui.

– Mais non. Qu’est-ce que tu t’imagines ! Maître Saburo est un grand champion, on est super bien encadré et il n’y a aucun risque qu’on se blesse pendant les entraînements.

Le garçon croise les doigts.

Si sa mère savait qu’il y a deux jours, il a failli se faire embrocher par la flèche d’un ninja, qu’il a chuté d’un cerisier de quinze mètres et qu’il a hâte de repartir en mission. Il est certain qu’elle débarquerait illico pour le ramener à la maison.