De fait, le jeu de la littérature n'est pas inoffensif. Produit d'une insatisfaction intime vis à vis de la vie véritable, la fiction est aussi source de malaise et de frustration. Car celui qui par la littérature vit une grande fiction - comme celles de Cervantes ou de Flaubert que j'ai citées - devient dans la vie réelle plus allergique à ses limites et ses imperfections, averti par ces magnifiques chimères de son infinie médiocrité en regard de l'univers du roman. Cette inquiétude face au monde réel qu'alimente la bonne littérature peut, dans certains cas, se traduire aussi par une attitude de révolte contre l'autorité, les institutions ou les croyances établies.