Marion Laurent

C’est là que j’ai aperçu mon visage. Je ne me suis pas reconnue tout de suite. Mes yeux devenus noirs ne reflétaient que malheur, peine, vengeance et souffrance. Je ne l’ai pas supporté et d’un coup de poing, le miroir a volé en éclats. Le sang s’est mis à couler le long de mes doigts. Cela n’a été que de courte durée. Les coupures sur ma main se sont refermées presqu’aussitôt, mais l’espace d’une seconde j’ai enfin pu ressentir une autre douleur que celle qui s’immisçait dans ma poitrine. Je me souviens que mon père disait souvent « Si tu as mal à la tête, tape sur ton doigt avec un marteau et tu oublieras ta migraine ». Sans réfléchir, j’ai alors pris un morceau de verre par terre et j’ai commencé à m’entailler le corps, pour chasser cette souffrance mentale. À chaque entaille, un cri de délivrance s’échappait de ma gorge. C’est comme si je me sentais vivante à nouveau. Mais à chaque fois cela se refermait toujours trop vite et la douleur dans mon cœur se faisait plus violente encore. Ce cœur, que j’ai essayé d’arracher pour ne plus le sentir se briser. Comment pouvais-je guérir si vite alors que je n’avais pas pu sauver Evan ? Que s’était-il passé pour que mon pouvoir de guérison se développe d’un coup ? Pourquoi n’ai-je pas été capable de l’utiliser quand j’en avais le plus besoin ? À bout de force j’ai fini par m’endormir au milieu d’une mare de sang et de verre ébréché.