En lisant Aux Plexus de Marjolaine Beauchamp
j'ai senti un coeur qui saigne et qui contamine
La contagion d'un manque de joie,
d'un manque de soi, de toi.
La vie, ensevelie par l'éternel quotidien
pour se faire un toit
Mais j'ai aussi senti une volonté
Une volonté de poursuivre
De ne pas laisser tomber
Une volonté de survivre
Et d'espérer.
Une poésie crue
Aux arrêtes vives
Une poésie faite au Québec tabarouette !
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Le second recueil de Marjolaine Beauchamp, Fourrer le feu, publié aux Éditions de l’Écrou en 2016 est une œuvre coup de poing qui surprend et déstabilise. Sa lecture m’a laissé un goût amer dans la bouche. Pourtant, une fois terminé, j’en redemandais encore. Pourquoi ? Pour la beauté des textes, de l’œuvre en soi.
Très près de l’oralité, les textes de Marjolaine Beauchamp gagnent à être lus à haute voix. Le texte est rythmé. Il déboule. Un genre de « spoken word » où les termes typiquement québécois côtoient les termes et expressions anglophones comme dans le texte Plomberie : « L’estie d’champlure. Coulait tout le temps. Toujours un leak. C’est peut-être pour ça. Qu’on est devenus fous. » (Beauchamp, 2016, p.54).
C’est d’ailleurs la lecture par l’auteure à la radio du texte Cheo (Beauchamp, 2016, p.90) qui m’a donné envie de lire le recueil en entier. Sans cette lecture à voix haute, j’aurais sûrement passé mon chemin. De la poésie ? Très peu moi ! Pourtant, bien que je ne me sois pas totalement identifiée au « récit » qui se dessinait en filigrane du texte – sauf peut-être pour l’aspect de la maternité - j’ai été happée par la beauté avec laquelle l’auteure parlait de ses méandres. Comme quoi le laid peut parfois être beau lorsqu’il est bien raconté !
L’auteure recourt à un vocabulaire simple mais juste et utilise les métaphores avec une grande habileté. La beauté du texte s’oppose à la réalité crue et sombre à laquelle nous expose l’auteure. Une réalité douloureuse et rébarbative. Et pourtant, Marjolaine Beauchamp a réussi à me garder avec elle, page après page. Une relation d’amour-haine en quelque sorte. Une lecture parfois difficile dois-je avouer que j’ai dû ponctuer de petites pauses question de faire le plein de lumière. Bref, la même noirceur traitée et racontée autrement, par un(e) autre auteur(e), aurait pu se conclure par un coït interrompu pour ma part. Or, les mots de Marjolaine Beauchamp m’ont transportée et bouleversée.
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