Mark Rosaleny

Ce roman de Mark Rosaleny nous fait découvrir une page d'histoire de l'Espagne post-franquiste . Les balbutiements d'une monarchie constitutionnelle avec l'arrivée du roi Juan Carlos sur le trône et d'Adolfo Suarez aux manettes du gouvernement . On est en 1977 et la démocratie est loin d'être un ordre établi dans le marbre . Des forces contre-nature s'affrontent à coup d'enlèvements , de meurtres , d'attentats , d'assassinats sauvages .

D'un côté on trouve les nostalgiques du Caudillo , du régime franquiste , dévots à une religion qui permet tout même le pire . Cette frange nationaliste abrite en son sein de multiples groupuscules comme le Bataillon Basque Espagnol ou l'Ordine Nuevo italien , une bande de fachistes italiens réfugiés en Espagne dont fait partie Luigi l'un de ses principaux protagonistes . A la tête de ces factions on trouve LGC ( le Grand Chef ) , grand argentier , des mouvements d'extrême-droite , qui a de nombreuses amitiés dans la police et l'armée du pays . LGC et ses affiliés ne rêvent que d'un retour à un régime franquiste autoritaire s'étant débarrassé de tous ses opposants politiques et de tous les juifs , franc-maçons qui noyautent l'économie d'après eux . Mais leur ennemi juré c'est le GRAPO , le groupe armé du parti communiste fraîchement reconstitué . le Grapo a recours à tous les moyens mis à sa disposition pour sa lutte armée : enlèvements, assassinats de militaires et élimination systématique des membres des groupuscules nationalistes .

Des deux côtés on compte les blessés et les morts , pour mieux préparer sa vengeance .Mais le sang et les balles ne font pas de politique , c'est bien connu .

Comme si ces luttes dramatiques et criminelles ne suffisaient pas l'ETA continue à frapper à tout va sur son territoire et au-delà sans relâche .

La démocratie va donc devoir faire preuve de détermination pour gagner sa légitimité et sortir de ce bourbier politique où de nombreux pièges l'attendent encore .

Au milieu de tout ça on fait connaissance avec cette famille qui habite à Misrata , dans la banlieue de Valence : un père d'origine italienne , plâtrier de son état , en perpétuel déplacement , laissant le soin à sa femme de s'occuper de ses deux enfants . Une famille dont le grand père était anarchiste , dont la grand mère a vu les morts défiler mais a survécu à l'infamie ...quoique .

Un milieu ouvrier comme il en existe tant , qui a vu la mort de Franco comme une bénédiction divine , une porte ouverte sur la liberté . Des gamins que les hormones travaillent , mais qui , entre les jupes des filles et des femmes , vont être témoins de cette transition historique chaotique et découvrir que le passé est semé de surprises .



Un récit étonnant semé de témoignages journalistiques afin de rappeler que cette oeuvre de fiction est en fait L Histoire en marche .On a d'ailleurs bien du mal dans ce roman à différencier les personnages imaginaires à ceux qui ont évolué dans cette famille valencienne comme dans cette période de grands bouleversements .Dans un style cru qui ne mérite aucun filtre , l'auteur déroule les années et les lieux , passe , des faits et des actes commis par les différentes factions antagonistes à ceux de la famille entre petits malheurs et grandes désillusions . Un rythme et une écriture qui en désarmera certains mais qui réjouira les plus curieux d'entre nous .

Surprenant en effet ce livre sur la transition espagnole, sanglante et teaser promotionnel bien réussi.



https://www.youtube.com/watch?v=rvF9TMX0ozI

Journal Métropolitain Intramuros (novembre 2021), par Michel Dargel



De la mort de Franco en 1975 à l’élection de Felipe Gonzáles en 1982, on se souvient plus volontiers de la Movida que des années de plomb. "Tuez comme il vous plaira" est là pour nous rappeler cette période transitoire, incertaine et hautement inflammable. Dans ce polar écrit à la sulfateuse, crachant des mots rouges de sang et noirs de haine, d’exécutions en prises d’otages, d’activistes revanchards en nostalgiques du franquisme, sans oublier anti basques, anti catalans et antisémites, cathos fanatiques et terroristes de toutes obédiences, se dessine une Espagne post franquiste minée par la guerre civile, divisée, corrompue, à des lieux du Costus et de Pedro Almodóvar.

Toulousain d’adoption, Mark Rosaleny, dont c’est là le premier roman n’y va pas avec le dos du stylographe. Exceptés quelques rares moments de tendresse, sa plume lacère là où ça fait encore mal, le raisiné gicle et les os craquent. Sensibles s’abstenir.

Une plongée passionnante dans les heures sombre de l’Espagne où la petite histoire se mêle à la grande pour nous livrer un récit âpre et haletant, sans rien éluder des turpitudes de la nature humaine. Une écriture addictive, parfois crue, qui sert à merveille le propos de l'auteur, à savoir une autofiction où le réalisme côtoie l'imaginaire avec une réussite indéniable. Le travail de documentation en amont a sans doute été considérable : on sent que Mark Rosaleny y a "mis ses tripes" et que rien n'a été laissé au hasard ou à l'approximation. A découvrir sans hésiter !

Thriller très documenté sur le post franquisme. L'histoire d'une famille durant le bouleversement de l'Espagne.

Des personnages attachants, des rebondissements, nous sommes dans un vrai thriller. Mais surtout on apprend beaucoup. Félicitation à l'auteur.

Belle découverte que ce Thriller riche en investigations et documentations , une histoire dans l'Histoire pleine de rebondissements, de saveurs, de dénouements ... la cruauté véritable d'un peuple en mal de se débarrasser de la vermine politique et corrompue.

A travers les périples d'une famille, on est en immersion dans le grand bouleversement de l'Espagne.

La fiction est d'autant plus abjecte quand elle est malheureusement doublée d'une réalité plus abjecte encore.

Je sors de cette autofiction (comme l'appelle l'auteur) bouleversée par une Histoire que je ne connaissais que trop mal .

L'écriture est fluide, crue parfois, décomplexée... j'adore.

Un grand bravo à l'auteur pour le travail de recherches très pointu.

On ne sort pas intact de ce roman criant de vérité, très bien documenté sur les périodes tourmentées de l’après-franquisme précédant l’établissement d’une démocratie apaisée. Petite histoire dans la grande ; récit parfois insoutenable avec ses relations de cruautés, de violences, meurtres, tortures et j’en passe.

On sent l’auteur impliqué de tout son être dans ces affres ; comme s’il a des comptes à régler, une mémoire à honorer, des blessures à guérir.

L’écriture, rude, brutale, sert bien cette dramatique et lucide narration.

Le(la) lecteur(trice) peut imaginer le travail historique important qui a été nécessaire pour bâtir et rendre crédible une telle saga.

ROBIS

Un livre que l'on dévore par moments, et dont on a aussi besoin de faire une pause pour mieux digérer tous les attentats, crimes, parfois tortures qui sont évoqués au fil des pages... Il nous fait découvrir une histoire de l'Espagne souvent ignorée, voire totalement oubliée, celle de la Transition après la mort de Franco, à travers un thriller nerveux sur fond de chronique familiale parfois déjantée. C'est particulièrement plaisant et l'humour est pour le moins corrosif. Le style est différent de ce que l'on a l'habitude de rencontrer dans le monde des thrillers ou des polars, ça sent le vécu et le récit a un rythme devant lequel on n'a pas le temps de rêvasser. Cinq étoiles bien méritées pour un premier roman en espérant qu'il y aura bientôt une version imprimée.