Parfois, Speer se donne un profil faustien,mais souvent, il est plus proche du diable. Joachim Fest à été frappé de la fierté que tirait Speer d'avoir permis à l'armée allemande de poursuivre le combat jusqu'au bout. Indéniablement c'est à lui que l'on doit d'avoir prolongé cette guerre au delà de ce que beaucoup croyaient possible, avec ces millions de victimes en plus et l'Allemagne devenue un champ de ruines. 509.
Speer s'est menti à lui-même pour pouvoir vivre avec lui-même. P. 506.
Faire impression est le but suprême de l'architecture nazie. Sa force et sa faiblesse à la fois. Conçue pour produire un effet maximal et de ce point de vue incontestablement l'objectif a été atteint, son mérite artistique est plus discutable.
Son succès, il ne le devait pas à ses talents d'artiste mais bien à sa condition de partisan zélé et d'éminence grise, instinctif, dépourvu de scrupules comme de valeurs et qui ne s'embarrassait pas de considérations morales. Dès le début de sa carrière, il dut vivre avec ce désagréable constat que sans Hitler, il n'aurait pas eu beaucoup d'importance.
Il confia que sa famille n'avait joué aucun rôle dans sa vie.
Albert Speer savait aussi montrer un courage et une force d'âme à toute épreuve lorsqu'il luttait contre ses rivaux ou s'efforçait résolument de saisir sa chance. Cette même force morale lui a permis de protéger sa conscience de toute pensée dérangeante et de sentir indemne de toute contamination par la cruauté et l'iniquité du régime qu'il servait avec loyauté.
Ce mélange de radicalisme et de pragmatisme, de romantisme réactionnaire et de dévotion aux progrès technique se situe au coeur même de la doctrine nazie, et ce décalage saisissant entre la théorie et la pratique produit une synthèse dynamique des différentes facettes, conservatrice et radicale, émotionnelle et rationnelle.