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Critiques de Martin Sébire (3)
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Grandes énigmes criminelles, tome 1 : innocen..

Un troisième volume qui fait la part belle aux énigmes qui n'ont jamais été résolues de façon formelle. Bien entendu, rôdant, incontournable, au sein du fog londonien, Jack l'Eventreur. Nous sommes bien avant Patricia Cornwell et Sébire et Boudin s'arrêtent sagement à la candidature de Montague John Druitt, dont le suicide aurait mis fin aux assassinats. A noter qu'ils citent l'excellent livre consacré par Tom A. Cullen à la question et évoquent même le rôle qu'aurait pu jouer dans l'histoire le peintre Walter Sikert (dont Cornwell, elle, fait l'assassin incontestable). Quoi qu'il en soit, apparu par une nuit sombre dans Whitechapel, Jack the Ripper s'y escamota avec autant d'adresse et on ne le revit plus jamais. C'est le seul point sur lequel tout le monde soit d'accord. Nos auteurs français espéraient encore à l'époque que l'ouverture des Archives de Scotland Yard, dans les années 2000, amèneraient des révélations décisives : nous savons aujourd'hui qu'il n'en fut rien.



D'un autre côté, qui a, dans la nuit du 27 février 1933, incendié le Reichstag ? Marinus Van Lubbe disait-il la vérité quand il affirmait avoir agi seul ou avait-il des complices ? Et si oui, lesquels ? Communistes ? Nationaux-socialistes ? ... Si les dirigeants nazis reprirent très vite leurs esprits et se servirent presque instantanément de l'affaire pour contre-attaquer leurs ennemis de toujours, les Rouges, leur stupeur, dans la nuit de l'incendie, ne paraît pas avoir été feinte. Quant aux communistes, dont le fameux Georges Dimitrov, qui deviendra plus tard dictateur de la Bulgarie, eux non plus ne semblent pas avoir été impliqués. Alors ? Paroles en l'air d'un agent, double ou pas, et prises au sérieux par un illuminé solitaire ? En dépit des coups de gueule des opposants et des effets de manches des uns comme des autres, en dépit même de la condamnation du pauvre Van der Lubbe, le mystère n'a pas pris une ride.



Autre énigme : l'explosion de l'"Hindenburg." Simple accident dû au retard enregistré par l'appareil pour se poser et à une surcharge d'électricité statique ou attentat contre ce qui faisait l'orgueil de la flotte aérienne allemande bien avant, spécifions-le tout de même, qu'Hitler arrivât au pouvoir ? Pour l'équipage des zeppelins allemands, leurs navires aériens symbolisaient avant tout la fierté du pays et, malgré l'ajout des croix gammées, en aucun cas le triomphe des nationaux-socialistes ... Alors, quel besoin de les faire tomber du piédestal sur lequel l'opinion publique internationale d'ailleurs les avait érigés ? Que les nazis eux-mêmes n'aient pas tenté d'instrumentaliser la fin tragique de l'"Hindenburg" n'élimine-t-il pas l'hypothèse criminelle ? ... L'ombre demeure en tous les cas pleine et entière.



Après-guerre et aux USA, les Rosenberg vont faire parler d'eux pendant deux bonnes années, de 1951 à 1953, tout d'abord au simple plan national, puis au niveau international. L'ouvrage de Sébire et Boudin a le mérite de rappeler qu'ils ne furent pas en fait accusés d'avoir livré, clefs en main, les plans intégraux de la bombe atomique à l'URSS, simplement celui d'une partie cruciale du procédé pour aboutir à son obtention. Cette exagération, communément reproduite par les medias de l'époque et par nombre de medias et de livres actuels, nous incite donc à la plus grande prudence. Si l'on doit répondre à la question : "Les Rosenberg ont-ils trahi leur pays ?", la réponse est - contrairement à ce qu'en pensent certains historiens, dont Alain Decaux, lequel, avec Stellio Lorenzi, réalisa une dramatique merveilleuse de tension et d'émotion mais malheureusement sujette à caution sur bien des points en raison du parti-pris du cinéaste et du scénariste - oui. Mais, si l'on s'interroge sur la partialité du juge Kaufman, on est aussi obligé de répondre par l'affirmative. En revanche, méfiez-vous quand certains angélistes attaquent le grand air de l'anti-sémitisme qui, selon eux, serait responsable de la condamnation des Rosenberg : Kaufman était, lui aussi, d'origine juive, comme nombre de personnes ayant agi ici soit contre les Rosenberg, soit en leur faveur. Mais nous savons tous combien les prétextes de ce genre sont utilisés par la propagande politique et par certaines pseudo-élites - et aujourd'hui plus que jamais ...



S'avance en suite, courbé sous son grand âge, Gaston Dominici qui se déclara coupable du triple meurtre des Drummond, à Lurs, dans les années cinquante. Est-ce le milieu paysan dans lequel se déroule toute l'action ? Toujours est-il que tout le monde s'accuse, se rétracte, se tait, refuse de parler, puis accuse à nouveau, et que, aujourd'hui, malgré les années écoulées, les hypothèses les plus énormes galopent toujours autant sous le fouet exalté de la Folle du Logis. Gaston Dominici était-il, oui ou non, coupable ? Y a-t-il eu pressions pour le faire avouer ? S'est-il dévoué pour "sauver l'honneur" de ses fils et petits-fils ? Qui pourra bien le dire ? ... Sébire et Boudin ont l'air, en ce qui les concerne, de douter beaucoup de la culpabilité du vieillard. Celui-ci en savait peut-être plus qu'il ne voulait bien le dire mais cela ne prouve pas qu'il ait commis les meurtres.



Nous terminons par l'affaire, quasi mythique, de Bruay-en-Artois, avec l'apparition de l'un de ces "petits juges" qui, bien que remplis de bonnes intentions, ont fait plus de mal que de bien en se cramponnant à des certitudes qui n'étaient étayées par pas grand chose. Nous parlons, bien entendu, du juge Pascal, avec son accent du Sud, dont la manière de conduire l'instruction de Bruay-en-Artois mena en prison deux personnes qui n'avaient probablement pas grand chose à y faire, à savoir Pierre Leroy et Monique Mayeur, lesquels avaient le tort d'appartenir à une certaine classe sociale et permettaient ainsi du même coup à une certaine intelligentsia parisienne d'extrême-gauche, épaulée par un Jean-Paul Sartre qui, toutefois, à un certain moment, tenta de calmer les choses, de se déchaîner dans les grandes largeurs. La "lutte des classes", revue et corrigée par le juge Pascal et les gauchos, se transporta donc à Bruay-en-Artois, sous les yeux d'une opinion publique très partagée. Dans la décennie suivante, on retrouvera le phénomène, redoutablement amplifié - et dans un contexte encore plus tragique puisque la victime était cette-fois ci un petit enfant de cinq ans - dans la non moins légendaire Affaire Grégory, avec une Marguerite Duras, passablement picolante et empicolée, affirmant, grandiose : "Christine Villemin, coupable : forcément coupable ..."



De nos jours, nous connaissons trop bien hélas ! cet enthousiasme exacerbé et délirant, cette mauvaise foi affligeante et dictatoriale avec lesquels l'extrême-gauche et ses séides en principe moins extrémistes transforment les victimes en coupables et les assassins en martyrs. Ne nous attardons pas.



Nous vous avons rapporté les affaires connues qui marquent ce troisième et dernier volume de la série. S'y ajoutent des cas moins célèbres et un "intermédiaire", si je puis dire, en tous cas de ce côté-ci du Channel: l'affaire Evans-Christie, en Grande-Bretagne, dont on ne sait toujours pas si elle renferme, oui ou non, une erreur judiciaire car Evans peut bien avoir commis l'un des meurtres qu'on lui reprochait. Ce qui justifierait son exécution même si, indéniablement, John Christie était, de son côté, ce que nous appelons un tueur en série.



A lire, sans aucun doute : c'est un tome qui vaut largement les deux premiers. ;o)
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Grandes énigmes criminelles, tome 2 : Morts M..

Sébire & Boudin frappent fort dès le début en nous rapportant l'Affaire Jean Calas, condamné pour le meurtre d'un fils dont on n'a jamais réussi à prouver qu'il ne s'était pas réellement suicidé - et plus vraisemblablement parce qu'il appartenait à la Religion réformée. Ils reprennent les points essentiels de ce qui fut l'un des plus grands drames humains du XVIIIème siècle français et, là non plus, nous ne nous étendrons pas sur la question puisque l'affaire a soulevé très tôt bien des questions et même fait sortir Voltaire de sa retraire dorée en Suisse pour s'attaquer, avec cette fermeté et cette générosité de caractère qui étaient, elles aussi, des composantes de sa nature irritante, parfois impossible à la seule idée d'un bon mot - de préférence étincelant de méchanceté - à poser mais douée, nul ne le niera (sauf peut-être en ce qui concerne son théâtre) d'un génie littéraire à nul autre pareil.



Vient ensuite une affaire tout aussi célèbre : l'affaire Lafarge. Marie Lafarge a-t-elle véritablement empoisonné son mari en commençant par lui expédier, alors qu'il se trouvait en voyage d'affaires à Paris, un premier gâteau à l'arsenic ? En ce XIXème siècle obsédé par le progrès, l'arsenic et le laudanum sont des produits communément vendus sans ordonnance et tout le monde, absolument tout le monde, peut s'en procurer. De fait, Mme Lafarge a acheté de l'arsenic. Contre les rats, dit-elle à la police et maintient-elle à son procès. Sonne l'heure des expertises sur les viscères du défunt. De ce côté-là, il n'y a pas grande différence avec nos XXème et XXIème siècles en principe plus modernes : les experts ne sont pas d'accord. L'un dit blanc quand l'autre s'empresse d'affirmer que non, tout est noir. Survient le troisième qui, lui, soutient avec mépris que ses confrères sont deux imbéciles qui n'ont pas su distinguer le gris ni du blanc ni du noir. Molière aurait sans doute adoré mais, d'expertise contestée en conte-expertise tout aussi contestée, Mme Lafarge, en dépit des efforts d'un avocat qui est secrètement amoureux d'elle, sera condamnée à la prison perpétuelle. Elle y mourra d'ailleurs assez vite. Et il y a de grandes chances pour que cette femme ait été victime d'une erreur judiciaire.



Plus étonnante encore, l'affaire du Dr Couty de La Pommerais, accusé, puis condamné à mort pour avoir empoisonné son ancienne maîtresse, à laquelle il avait fait contracter un nombre impressionnant d'assurances-vie à son bénéfice. Sur les marches de l'échafaud, il nie encore et se dit victime d'une lamentable erreur judiciaire. Mais le lecteur reste assez perplexe.



L'affaire Steinheil est ici également évoquée. Avec le parcours quasi intégral de Meg Steinheil dont l'un des titres à la postérité est d'avoir causé - en tous cas favorisé - la mort du président Félix Faure, celui dont Georges Clemenceau remarqua à son décès : "En entrant dans le néant, il a dû se sentir tout de suite chez lui." Précisons, pour ceux qui l'ignoreraient, que, dans ces circonstances très officielles, Marguerite Steinheil, née Japy, n'usa que de ses charmes - et encore à la demande de Faure, dont elle était la maîtresse. Félix Faure prenait, dit-on, certains "produits" pour soutenir sa ... disons, sa virilité et le mélange aphrodisiaque-Meg Steinheil, ajouté aux cinquante-huit automnes de l'intéressé, fit le reste.



En fait, l'affaire Steinheil ici évoquée concerne la mort du mari de Mme Steinheil et celle de sa propre mère, Mme Japy, retrouvés tous deux raides comme des bâtons tandis que la maîtresse de maison était elle-même ligotée sur son lit. Mme Steinheil assura que des voleurs s'étaient introduits chez elle et qu'ils étaient responsables de ces décès. Peut-être. Elle eut quand même droit à un procès dont elle sortit ... acquittée. Ce qui lui permit d'épouser un gentilhomme anglais et de finir ses jours en pairesse, le 20 juillet 1954. Elle avait quatre-vingt-six ans. Toute le monde n'a pas la malchance d'une Marie Lafarge.



L'affaire Philippe Daudet met en scène le fils et le petit-fils d'Alphonse Daudet. Le fils, c'est Léon, l'implacable pamphlétaire et grande personnalité de l'opposition que l'on sait. Le petit-fils, c'est le tout jeune Philippe qui, de l'avis même de ses parents, souffrait d'une maladie nerveuse qui lui procurait parfois "des crises" - lointain héritage de la syphils du grand-père, peut-être ... Bref, les faits sont les suivants : un chauffeur de taxi, Charles Bajot, dépose son client, Philippe Daudet, déjà mort ou en tous cas déjà bien en vue du Styx et de l'Achéron, dans un grand hôpital parisien ; on découvre une blessure à la tempe du jeune homme ; on en conclut qu'il s'est suicidé - on ne sait trop pourquoi sur le moment. Mais Léon Daudet n'est pas d'accord et accuse ses ennemis politiques - et il en a beaucoup - d'avoir provoqué la mort de son fils. Affaire bien embarrassante à l'époque et sur laquelle on n'a pas encore fait toute la lumière.



Les auteurs n'ont pas oublié l'affaire Stavisky et ses suites "collatérales", la mort du Conseiller Prince. Dans l'un comme dans l'autre cas, les partisans du suicide et ceux de l'assassinat continuent à s'affronter ... Il s'agit de l'un des chapitres les plus prenants de ce deuxième tome, en tous cas pour ceux qui s'intéressent en particulier à l'Histoire, car elles ont pesé sur le destin d'une IIIème République qui finissait dans la déliquescence la plus absolue, comme notre Vème actuelle ... A bien y regarder, l'affaire Philippe Daudet participe elle aussi de l'Histoire de la IIIème.



Beaucoup moins connue est la mort de Jacques Rumèbe, encaisseur pour la société qui l'employait et dont on retrouva le cadavre, dans un état de décomposition assez avancé, chez le Dr Bougrat, lequel avait combattu avec lui lors de la Grande guerre et le soignait pour une maladie chronique. C'est là une histoire qui laisse le lecteur fortement dubitatif. Deux versions s'affrontent mais, au début, il est clair que le Dr Bougrat a menti. Et, s'il a menti une fois ... A lire au calme et en notant au besoin tous les détails. En plus, un médecin qui laisse un cadavre pourrir dans le mur de son appartement, franchement, ça ne fait pas très sérieux ...



Enigme également au Métro Porte-Dorée, avec le cadavre poignardé de Laetitia Toureaux, belle jeune femme qui était montée dans un wagon de 1ère classe absolument vide. Poignardé ... mais par qui ? Car, que l'on reprenne les faits d'une façon ou d'une autre, techniquement, personne n'a pu entrer dans ce wagon entre le moment où Laetitia s'y est assise et celui où la rame s'est arrêtée. Un assassin fantôme, alors ? ... Quoi qu'il en soit, un flou certain entoure la vie - et les moyens d'existence de la jeune femme. Vu l'époque, certains ont dit qu'elle aurait appartenu à la Cagoule et que la célèbre et mythique organisation l'aurait "liquidée" parce qu'elle en savait trop. Bien entendu, rien ne fut prouvé ...



A la toute fin, vous trouverez, à vingt ans de distance, deux morts de jeunes femmes là encore, deux morts qui, malgré les différences, notamment de pays, se ressemblent étrangement. Et puis ce qu'il est convenu d'appeler l'Affaire Mattei, du nom d'Enrico Mattei, dit aussi, dans les années cinquante, "le tsar du pétrole" italien. Affaire très connue sur laquelle je vous abandonne. Sans vouloir justifier ce décès prématuré, je dirai de Mattei que, à trop jouer avec le feu, on se brûle ...



Si vous avez aimé le premier tome de la série, vous aimerez aussi le second. Pour le troisième, on en parle plus tard. Si vous le voulez bien. ;o)
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Grandes énigmes criminelles, tome 1 : innocen..

Peut de souvenir en dehors de ce criminel retrouvé suicidé face contre un train.
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