Je ne me considère ni comme une radicale ni comme une révolutionnaire. Ce sont les Blancs qui nous ont collé ces étiquettes. Nous avons simplement demandé qu'on nous laisse tranquilles, libres de vivre comme nous l'entendions. De pouvoir nous gouverner nous-mêmes, réellement et non uniquement sur le papier. Que l'on respecte nos droits. Si c'est cela être révolutionnaire, alors, c'est sûr, je corresponds au profil. En fait, j'aspire ardemment à mener une vie normale, paisible - mais normale au sens sioux du terme. J'aurais pu accepter notre cabane branlante, nos cabinets puants, et notre pauvreté, mais uniquement à ma façon. Oui, j'aurais accepté une pauvreté digne où on ne se serait pas mêlé de mes affaires, mais pas cette misère dégradante, humiliante, que nous devions subir. La ‘normalité’ a mis longtemps à venir. Et encore aujourd'hui, je n'ai pas la paix que je désire tant. (p. 183-184)