Mary C. Kim

Je suis persuadée que chacun de nous a une moitié. Il y a une sorte de connexion qui doit se créer instantanément lorsque les deux moitiés se rencontrent. Le plus difficile est de repérer la personne qui nous est destinée pour activer cette connexion.

À la différence que je suis un charmeur, alors que lui est un amoureux à l’extrême. Oui, mon père est un extrémiste des sentiments. Il aime trop, il déteste tout autant. J’ai appris son histoire, leur histoire avec ma mère. Je suis encore étonné d'entendre qu'il détestait les femmes à une époque. Comment cela peut-il être possible ? Les femmes, je les adore ! Je les aime tellement que je veux partager cet amour avec plusieurs d’entre elles. J’ai de l’amour à revendre, ne m’en voulez pas. Je suis jeune, riche et beau et sans trop me vanter, mes prouesses au lit m’ont valu plusieurs bagarres de filles, des larmes et quelques déclarations d'amour.Je suis un chasseur. J'adore sentir ma proie essayer de m'échapper.

Ma capacité à mettre une femme dans mon lit, complètement jetée au rebut. Je me sens émasculé. Ses mots, son impertinence, son air hautain, son audace… autant de vices réunis en une seule personne, qui ont eu des répercussions désastreuses sur mon être. Je n’aurais de répit que si je parvenais à la faire plier. Appelez-ça de l’orgueil, de la vanité, ce que vous voulez.  Toujours est-il que, c’est étant animé par ce sentiment que j’ai pu fouiller, bêcher et trouver son adresse dans son pays d’origine.

D’aucuns disent que l'amour est aveugle, mais comme Voltaire, je pense que ce n’est pas l’amour qui doit être qualifié d' « aveugle », mais l’amour-propre. Je ne suis jamais tombé amoureux. Je n'ai jamais goûté à cette ivresse, cet élixir ou même ce vertige dont on parle et qu'on peint avec beaucoup de passion.  Devenir fou par amour, déplacer des montagnes, braver des tempêtes en son nom. Une sensation inconnue et incompréhensible. Une notion encore moins perceptible que le fait d'en être aveugle.

Elles semblent être de véritables pestes en effet. Ne serait-il pas raisonnable de renoncer maintenant ? Me dis-je. Une partie de moi, ma raison, me susurre que tout ça ne vaut pas la peine. Mais l'autre partie, l'orgueil, l'amour-propre, l'ego, cette partie de vous qui ne devrait jamais être écoutée tant elle est mauvaise conseillère, m’incite à poursuivre.

L'insolence de la richesse des lieux sied parfaitement avec le comportement hautain et supérieur dont a fait preuve cette fille. Une pourrie gâtée ! Voici ce qu’elle est dans le fond. Une fille de famille aisée, née avec une cuillère en or dans la bouche et tellement imbue d'elle-même qu'elle se prend pour une royauté.

Je lui prends la main alors que mes yeux se noient dans les siens. Je me revêts de mon sourire le plus charmeur. Elle ne me résistera pas, je le sais.  Aucune ne me résiste d’ailleurs. J’ai hérité de la beauté et du charisme de mon père. Et comme lui, je fais tomber toutes les filles sur mon chemin.

Décidément, ce voyage n’aura pas servi à grand-chose. Je n’ai rien appris qui puisse m’aider dans ma quête. Au moins, je sais que j'ai affaire à deux emmerdeuses. J'ai l'impression d'avoir tiré le gros lot d’une tombola, deux morveuses pour le prix d’une.

Quel homme ? Je suis l'homme qui te trouvera où que tu sois. Je suis l'homme qui te fera regretter ton impertinence et ton impolitesse. Je suis l'homme que tu finiras par supplier, tant le plaisir que je te donnerai n’aura pas d’égal.

La chaleur de ce pays, couplée aux nouvelles choquantes que je viens d'entendre n'arrange pas mes affaires. J'ai besoin de me désaltérer et peut-être de profiter de ce moment pour remettre mes neurones en place.