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Citation de Charybde2


Et il est inutile de prétendre que la Venise touristique n’est pas la véritable Venise, ce qui demeure possible pour d’autres villes – Rome, Florence ou Naples. La Venise des touristes est Venise : les gondoliers, les couchers de soleil, la lumière changeante, le Florian, le Quadri, Torcello, le Harry’s Bar, Murano, Burano, les pigeons, les ouvrages de perles, le vaporetto. Venise est un accordéon de cartes postales d’elle-même. Et bien qu’effectivement (comme on le dit quelquefois d’un ton sentencieux), presque deux cent mille personnes vivent là une existence quotidienne, laborieuse, ils y sont également touristes ou guides. Presque tous les Vénitiens sont des amateurs d’art, des connaisseurs de leur ville, prêts à discuter du Tintoret, à vous montrer spontanément l’escalier en spirale (dont on dit qu’il défie le vide), à vous expliquer le dialecte vénitien ou vous signaler la Marangona, la cloche du Campanile, quand elle sonne à minuit.
Un comte montre les Tiepolo au plafond de la chambre de sa femme ; un dentiste montre sa salle d’attente, autrefois un ridotto. Tout a été catalogué, avec un orgueil qui tient à la connaissance de l’objet plus qu’à l’objet en soi. « Un faux », dira un bourgeois avec mansuétude, désignant son Tintoret. « C’est celui de Réjane », dira une propriétaire, vous montrant le lit délabré dans l’appartement qu’elle veut louer. L’orgueil d’étaler son savoir peut dépasser l’intérêt matériel, ou la vanité de posséder. « Dix-huitième ? » demandez-vous, plein d’espoir, à l’antiquaire, examinant un service de porcelaine. « Non, dix-neuvième », répond-il d’un ton ferme, manquant ainsi la vente.
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