M'étant installée sur mon banc de prière ou sur une souche d'arbre, et ayant accepté à mon bord tout ce que je porte à l'intérieur de moi, je m'arrête un instant pour absorber le silence de la chapelle ou la vibrante tranquillité du jardin, à distance du bourdonnement lointain des voitures et du grondement d'un avion dans les airs. Totalement située dans le temps et l'espace, je deviens consciente du rythme de de ma respiration. Je respire le silence, et je respire dans le silence, unie avec le silence et avec le monde créé autour de moi.
Dans ce type de prière simple et informelle, l'essentiel n'est pas de penser beaucoup, mais d'aimer beaucoup. Une telle simplicité, cependant, porte en elle-même ses propres défis. A la fin de la prière, nous ne pouvons que très peu mesurer ce qui s'est passé et nous pourrions nous demander si nous n'avons pas simplement perdu notre temps. C'est que la qualité des moments passés avec un ami n'a pas nécessairement un effet immédiat, observable, mais elle construit progressivement une relation amicale.
A mon avis, le temps de prière doit donc commencer par quelques instants de prise de conscience de soi, une reconnaissance de l'état dans lequel je me trouve à ce moment-là : paisible... agité... inquiet... joyeux... préoccupé... mécontent... habité par des interrogations.Quelle que soit l'humeur présente, c'est elle que j'amène à la prière, et si elle n'est pas intégrée et acceptée dès le début, un poids subtil pèsera sur mon attention durant l'heure qui suivra.
Tout ce qui est dans notre coeur au moment de la prière a le droit d'y être, puisque c'est déjà présent aussi dans le coeur de Dieu et qu'il vit cette réalité avec nous.
Nous devrions ressentir une vraie liberté de communiquer avec Dieu à l'aide de nos propres paroles, en partageant spontanément les sentiments qui surgissent en nous. Mais la conversation doit parfois céder la place à l'écoute, et Thérèse nous assure que lorsque nous aurons suffisamment grandi dans le silence, la toute première chose que nous entendrons, c'est que nous sommes aimés.
Dieu habite au plus profond de notre être, et si nous ne le trouvons pas c'est parce que nous, nous n'y sommes pas.
Ce qui donne à l'amour mutuel son efficacité, ce n'est pas la force des sentiments mais l'union des volontés.
Je lève les yeux, je regarde Dieu, puis je les rabaisse sur toi en t'exposant aux rayons de son Amour.