La clé dorée
(Citation tirée du livre "Pianissimo féroce" (Le Livre-Actualité, 2019))
Rue Deribas, la plus mythique,
Je me rappelle une boutique
Qui se nommait La clé dorée
Aussi ancienne que les fées
C’était la clé de Burattino
Au nez très long, aux pensées courtes,
Une variante de Pinocchio,
Qui piquait son nez dans les tourtes
La clé de l’âtre aux cent croyances,
Peint sur une très vieille toile,
C’était la clé de mon enfance
L’enfance parsemée d’étoiles
Les murs couverts de mosaïques
De couleurs vives et féeriques…
La nuit brillait comme le jour…
Les chocolats comme à la cour…
Boutique où chaque friandise
Portait le nom d’un personnage
De conte de fées, comme un quiz,
Pour certains, un pèlerinage
Je ne sais plus si je l’ai vue
Ou si on me l’a racontée,
Boutique des heures perdues
Où est-elle, dans quel comté ?
Les souvenirs tournent sans cesse
Tel un manège vénitien
Changeant de masque, de vitesse,
Par les procédés picassiens
Aujourd’hui, la belle vitrine
Est un mur de béton armé
Et je me sens un Burattino :
« Pays des fous » l’avait berné