JUDA HALLÉVI
Que tu es belle...
— Que tu es belle, ô ma beauté
Grisée, mais sans ébriété !
Où vont tes pas, si lentement
Souveraine des sentiments ?
Et pourquoi ton ressentiment :
Te regarder, est-ce fauter ?
De grâce, montre ton minois
Pourquoi te cacher, pourquoi
Le voiler à ceux qui te voient
De ta vue jamais contentés ?
C’est un saphir blanc que ta joue,
Ta splendeur est ton seul bijou :
L’œil qui te voit perdrait le goût
De s’entrouvrir, plein de clarté ?