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Citation de Charybde2


Il jeta le dossier sur la table et s’assit.
– Je m’appelle Ferruccio Anedda et je suis quelqu’un d’important.
Je me bornai à un servile signe de la tête. Je ne voulais pas d’ennuis et les flics aimaient avoir le contrôle de la situation.
– On peut savoir pourquoi tu es revenu d’Amérique Centrale ? demanda-t-il pour me faire tout de suite comprendre qu’ils savaient plus de choses que je ne l’imaginais.
– J’arrête tout. Je veux solder mon compte avec la justice…
Il me tira un coup de pied sous la table.
– On sait tout. Tu as fait chanter ces connards qui sont à Paris et vous avez monté une belle petite mise en scène pour les juges.
Je le regardai avec admiration.
– Vous avez un espion à Paris ?
Il pencha la tête sur le côté.
– Un seul ? demanda-t-il ironique.
– Qu’est-ce que vous voulez ?
– Voilà, c’est comme ça que tu me plais, dit-il avec satisfaction.
Puis il changea de ton :
– On veut les noms de tous ceux qui n’ont jamais été repérés. Surtout ceux des partisans. Autrement je vais toucher deux mots au président de la Cour et c’est toi qui le paieras, le compte du veilleur de nuit.
– D’après mes avocats, je n’ai pas intérêt à me repentir, hasardai-je pour tâter le terrain des négociations.
– On ne veut pas d’un repenti. On n’a aucune intention de racler le fond du tonneau. L’organisation est foutue depuis des années. On les mettra simplement sous surveillance, comme ça, s’il vient à l’esprit de l’un d’entre eux la lubie de reconstruire la baraque, on s’en apercevra tout de suite et on s’évitera un sacré boulot.
– Qu’est-ce que j’ai à y gagner, à part de ne pas payer pour le veilleur de nuit ?
– Éviter la perpétuité ne te semble pas assez ?
J’écartai les bras.
– Je peux vous être très utile.
Le flic soupira.
– On peut t’aider à rendre ton séjour en prison plus confortable.
J’allumai une cigarette et me mis à fouiller dans ma mémoire. Une heure plus tard, l’organisation était définitivement liquidée. J’aurais pu continuer à fournir des informations sur les autres groupes que j’avais recueillies au fil des années, mais je pensai que, à ce moment-là, cela aurait été du gaspillage. Peut-être pourraient-elles se révéler utiles plus tard. J’avais toujours été un auditeur attentif et le milieu de la lutte armée italienne avait toujours brillé par son manque absolu de respect pour les normes de sécurité. En paroles, elles étaient de fer et capables de sauvegarder l’organisation, mais en réalité les militants ne les respectaient jamais et démontraient une forte propension à la vantardise bavarde.
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