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Citation de Lefso


Lefso
05 février 2012
Lentement, le maître tourna la tête de manière à embrasser l’assemblée tout entière. Puis, sans qu’aucun bruit ne perturbe cet examen matinal, il entreprit de dévisager chaque disciple. L’acuité de ce regard aveugle les obligeait à baisser les yeux pour ne pas l’affronter. Même Sildinn dut céder, les lèvres pincées, et inclina la tête en maugréant.
Un seul y résista. Le cœur ouvert, Januel rencontra pleinement les yeux blancs du doyen et eut l’impression de s’y engouffrer.
Il tressaillit mais ne put s’en détacher. Il ressentit aussitôt de plein fouet le profond désarroi que couvait ce regard. Ce n’était pas la première fois. En pareil moment, il se sentait capable de distinguer la vie au-delà de ce voile vitreux qui avait scellé les yeux du phénicier. Contrairement aux autres disciples, il lisait le cœur du vieil homme et non ce qu’il représentait.
Le doyen s’attarda sur lui durant de longues secondes. Se rendait-il compte de ce qui se passait ? Le prenait-il pour un insolent ? Les questions résonnaient dans l’esprit de Januel, comme à chaque fois que cela se produisait. Avec la plus pure spontanéité, il pénétrait un interdit et bravait tacitement le pouvoir d’Ignence. La honte et la crainte s’insinuèrent dans l’esprit du jeune homme. Quelle audace ! Il n’arrivait cependant pas à s’en effrayer. C’était si naturel… Du reste, il n’en avait parlé à personne, ni à son ami Sildinn et encore moins à maître Farel.
Januel sortit brusquement de sa torpeur et manqua de se lever, de bousculer tables et chaises pour rejoindre le vieillard mais une main glacée avait soudain croché son bras et dissipé l’enchantement.
- Qu’est-ce qui te prend ? grommela Sildinn.
Il ne répondit pas, son attention tout entière captée par le mouvement silencieux des lèvres du doyen. Il crut un moment que le vieillard lui parlait mais le lien était rompu. La nacre de ses yeux ne reflétait plus rien, telle la telle la surface d’une eau troublée par un jet de pierre.
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