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Citation de Henri-l-oiseleur


Mathieu Kassovitz
L'Incotidien, lettre de Marc Obregon à Matthieu Kassovitz, 8 juin 2020.

Cher Mathieu Kassovitz

Vous fîtes encore grande impression, lorsque sur le plateau des Grandes Gueules, toujours dans les bons coups, vous vous êtes fendu d’une diatribe anti-flics digne d’un collégien encarté chez Poutou. Dieu, que votre morale de marchand de slogan vous donne une langue âpre, un regard torve, la peau grise et desquamée d’un de ces crapauds de bénitiers mondialistes qui ne voient jamais le jour, se vautrent dans l’entre-soi et dont les muqueuses ne se pâment que pour l‘obole parfumée de ces pets de chattes du système dont vous repaissez quotidiennement, votre groin noyé dans les saumures, votre croupe gîtant dans l’attente d’une bonne correction raciale. Vous êtes d’une France ringarde, vous êtes pelé par la forfanterie, vous êtes de la France d’avant, de cette Mitterrandie qui a honteusement tenté de capitaliser sur le communautarisme avec tout le cynisme et l’à-propos électoraliste dont on savait le vieux Sphinx capable. Vous êtes de cette France qui a inventé l‘auto-détestation, qui s’est cherché une contre-identité à tout prix, de cette France qui a voulu achever de dissoudre sa beauté et sa noblesse dans les oripeaux du cosmopolitisme le plus béat et le plus moralement tordu. Vous êtes de la France de Julien Dray, l’infâme rhinocéros du PS qui s’est servi de la cause noire pour accumuler dans son antre autant d’ostentatoires breloques – des montres de marque pour navigateurs de catalogue, une glandée parfaite de strass et d’inutilité comme l’affectionnent les mufles courts de la Vème République.

Votre haine des flics, ça fait un moment que vous la portez en bandoulière, depuis La Haine, justement, ce petit film de petit bourgeois qui a été porté aux nues par toute une génération en mal de repères, jusqu’aux grotesques Rivières Pourpres, dans lequel vous mettez en scène des flics forcément grossiers, vulgaires et mono-neuronaux, inspirés par Luc Besson, dans le but sans doute de vous mettre dans la poche toutes ces racailles de banlieue pour qui il a fallu déployer un nouveau cinéma, conçu pour flatter les plus bas instincts et glorifier les comportementaux tribaux les plus vils. Vous avez plusieurs fois réagi à des opérations de police sur votre petit fil d’actualité, traitant de « bande de bâtards » une escouade diligentée par les stups pour faite stopper un trafic de drogue dans un hôpital psychiatrique de Nantes. Bande de bâtards. Vous êtes-vous arrêté de grandir à 16 ans, lorsque les plus fragiles d’entre nous graffitent des « ACAB » sur les murs de nos jolis quartiers résidentiels, après avoir dégusté le soufflé aux fromage de Maman ? Le pire, c’est que vous y croyez probablement, au retour de la Peste Brune : on n’oubliera pas non plus cette scène ridicule, toujours dans les Rivières Pourpres, cet indicible nanar, dans laquelle Vincent Cassel met à mal quelques skinheads d’opérette. A revoir cette scène aujourd’hui, filmée avec des moufles et interprétée avec tout le jeu de nuances que fut capable d’inspirer votre direction d’acteur visionnaire, on croirait presque un film parodique, tout droit sorti d’une saynète des Monty Pythons. Las, vous vous prenez bien au sérieux au contraire. Petit faiseur de films de séries B, vous trouvâtes la gloire en montrant systématiquement patte blanche, en vous conformant toujours plus farouchement à la moraline du siècle. Car oui, vous êtes farouche dans votre bienséance, haineux dans vos appels à la paix, glaçant lorsque votre petite bouche trémule pour verbaliser l’amour. Pathologie de la gauche qui vitupère pour moraliser. Confit dans vos certitudes, celle d’appartenir au camp du bien, au gotha de la gogauche assermentée par le Capital, la gogauche du divertissement, qui voit dans la France non un peuple ni une nation mais un simple hôtel de passe où vous fîtes tapiner vos plus ennuyeux spécimens de héros, de Jean Reno à l’amibe Vin Diesel. On ne reviendra pas sur l’échec artistique autant qu’économique de Babylon Babies : il ne fallait pas être grand clerc pour deviner qu’entre vos mains le roman cyberpunk frondeur et politique de Maurice Dantec allait vite se transformer en bessonnade peuplée de yamakasis et de bons sentiments…l’éternel retour du concret.

Dieu soit loué, cet échec vous a rendu plutôt rare au cinéma, les producteurs ont sans doute quelques scrupules à confier leur bourse à un enfant gâté qui va régulièrement asséner ses leçons de morale à la télévision. Loin du personnage d’amoureux transi que vous confectionna Jean-Pierre Jeunet, vous êtes plutôt du côté de la haine, de la flatulence post-mortem, vous êtes plutôt à parquer avec Virginie Despentes et les autres pantins de la République des Enfants, toujours prêts à échanger leur couronne contre un peu de reconnaissance factice de la part des minorités et autres « racisés ». Tellement minoritaires qu’on n’entend plus qu’eux.

Par Marc Obregon
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