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Citation de Charybde2


C’est en commençant à écrire ce livre que j’ai compris à quel point mon sujet, que je croyais avoir circonscrit par des années d’études, était en réalité infini.
Longtemps je me suis cantonnée au seul domaine de la rhétorique, en étudiant l’éloquence comme un travail. C’est aussi comme cela que je l’enseignais à mes élèves : savoir construire un discours et savoir le décrypter.
Mais s’il n’y a pas d’entrée « Éloquence » dans ce dictionnaire, c’est bien parce que la réalité de cette notion demande l’espace d’un livre.
« Art de bien parler », « art de persuader », « facilité pour le faire » : l’éloquence est pourtant tellement plus que cela, ne serait-ce que parce que ce qui nous parle n’a pas forcément choisi de le faire.
Je suis tombée dans l’éloquence comme d’autres dans la marmite. Très tôt, j’ai éprouvé le besoin de prendre la parole pour ceux que la société laissait de côté : le temps du journal du lycée est un peu loin, mais je le garde toujours dans un coin de mon cœur, comme le premier qui m’a permis de sortir de l’intimité de mes cahiers de poèmes. L’enfance est une période de la vie où, qu’on le veuille ou non, on n’a la main sur rien : même si l’on veut changer le monde, on n’a aucun moyen de le faire. Alors il reste la parole. Cela m’est très tôt apparu comme une évidence autant qu’une nécessité ; j’avais l’impression qu’à ma toute petite échelle je pouvais faire changer les choses.
Et puis il y a eu les premiers pas dans mon métier. Mutée il y a dix ans en Seine-Saint-Denis, je ne savais à quoi m’attendre, et j’ai découvert une tout autre éloquence que celle, académique, de mes années de formation.
Je suis arrivée à mon bureau le sac et la tête pétris d’Antiquité et de classicisme ; mais il m’a fallu éprouver face à mes élèves l’étendue de mon ignorance lexicale, en même temps que je découvrais un art de la débrouille qui se manifestait aussi dans l’improvisation verbale. J’observais une véritable intuition de l’éloquence chez mes élèves. Peut-être pas celle des discours, mais celle de la repartie : car, pour faire des discours, il faut la tribune.
C’est donc par mon métier que j’ai véritablement accédé aux arcanes de l’éloquence. Je parle d’arcanes car mes études en avaient laissé tout un pan dans l’ombre ; je ne connaissais que l’éloquence intellectuellement, universitairement et donc socialement validée. Place à tout le reste !
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