La modernité est une anomalie. Jamais, jusque-là, les hommes n'avaient vécu pour eux-mêmes, pour un bonheur personnel arraché aux définitions imposées par la société ou la religion - et cette promesse n'est pas sans une certaine beauté. Mais voilà que ce mythe fondateur de la modernités nous montre depuis bien longtemps sa face ignoble. Le règne du rationalisme a pavé la voie à une hégémonie de la technique et des machines qui broit l'homme au travail, quand ce n'est pas à la guerre ; le culte de l’individu a façonné une vénération de l'ego ne pouvant déboucher que sur un royaume du médiocre et du futile ; l'empire du scientisme, par son fétichisme de la matière, a conduit à haïr - bien souvent par le sarcasme et le rire - toute vie de l'esprit, jugeant obsolète la dimension spirituelle de l'existence. Ce visage ignoble, peu osent le regarder en face : cela réclamerait de briser une idole que trop chérissent depuis si longtemps. Mais notre nouveau siècle, qui détruit le vivant à un rythme inédit, exige de la regarder fixement. C'est cette tâche à laquelle PHILLIT s'est attelé depuis tant d'années, inspiré par la lucidité de quelques éclaireurs qui ont eu le courage de dire que l'émancipation des chaînes du passé a conduit à un nouvel asservissement, celui de l'homme par lui-même. Plus pernicieux, plus diabolique en un sens, ce servage qui se pense libre ne peut conduire qu'au pire des maux, un nihilisme tantôt triste, souvent festif.