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Citation de Danieljean


Patrul était assis sur un monticule recouvert d’herbes, près du monastère de Dzamthang ; il venait de terminer d’enseigner "La Marche vers l’Éveil" à une foule très nombreuse. Un vieil homme qui avait assisté à cet enseignement vint vers lui pour lui offrir un gros lingot d’argent en forme de sabot de cheval, une façon traditionnelle de mouler les lingots au Tibet. Hormis ce lingot d’argent, le vieil homme ne possédait presque rien ; toutefois, il estimait que faire cette offrande à Patrul, pour lequel il éprouvait une profonde foi, était un acte méritoire.

Selon son habitude, Patrul refusa l’offrande, mais le vieil homme était déterminé : il déposa le lingot aux pieds du maître et s’éloigna rapidement. Peu de temps après, Patrul se leva pour partir, abandonnant là toutes les offrandes que les habitants lui avaient faites, y compris le lingot d’argent.

Un voleur apprit que l’on avait offert un lingot d’argent au maître et résolut de le suivre dans l’intention de le lui dérober. Patrul se déplaçait souvent seul et passait ses nuits à la belle étoile. Profitant de l’obscurité, le brigand s’approcha furtivement de Patrul qui s’était endormi et se mit à fouiller ses maigres possessions : un petit sac en toile et une théière en argile. Ne trouvant pas ce qu’il cherchait, le voleur commença à palper ses vêtements.

La main du voleur réveilla brutalement Patrul qui s’écria : "Ka-ho ! Qu’est-ce que tu fais à farfouiller comme ça dans mes vêtements?"
"Quelqu’un vous a donné un lingot d’argent ! Il me le faut ! Donnez-le-moi !" exigea le mécréant surpris.

"Ka-ho", s’écria à nouveau Patrul. "Rends-toi compte de la vie lamentable que tu mènes à courir à droite et à gauche comme un idiot. Et tu as fait tout ce chemin pour un morceau d’argent ? C’est pitoyable !"

"Et maintenant, écoute-moi bien ! Retourne à ton point de départ. À l’aube tu arriveras à la petite butte où j’ai enseigné. C’est là que tu trouveras le lingot d’argent."

Le voleur était sceptique, mais il avait suffisamment fouillé les affaires du maître pour savoir qu’il ne l’avait pas emporté avec lui. Il lui semblait peu probable que l’offrande convoitée se trouvât encore à cet endroit, néanmoins, il revint sur ses pas et arriva au monticule herbeux. Le voleur chercha tout autour et finit par découvrir le lingot d’argent que Patrul avait tout bonnement laissé là.

Le brigand, un homme qui n’était plus tout jeune, commençait à s’inquiéter du genre de vie qu’il menait. Il se lamenta haut et fort : "A-dzi ! Ce Patrul est un maître authentique, libre de tout attachement. En essayant de le voler, je me suis créé un très mauvais karma !"

Tourmenté par le remords, il revint à nouveau sur ses pas, à la recherche de Patrul. Quand le voleur retrouva Patrul, celui-ci s’écria: "Ka-ho ! Te revoilà ! Toujours à courir par monts et par vaux comme un imbécile ? Et maintenant, qu’est-ce que tu veux ?"

Bouleversé, le larron fondit en larmes : "Je ne suis pas venu pour vous détrousser. J’ai trouvé le lingot et je regrette profondément d’avoir si mal agi avec vous qui êtes un véritable maître spirituel. Et dire que j’étais prêt à vous voler le peu que vous avez ! Je vous supplie de me pardonner ! S’il vous plait, bénissez-moi et acceptez-moi comme disciple !"

"Ce n’est pas la peine de te confesser et d’implorer mon pardon. À partir de maintenant, pratique la générosité et invoque les Trois Joyaux. Ça suffira", lui répondit Patrul.

Plus tard, lorsque des habitants apprirent le méfait du brigand, ils le retrouvèrent et le rouèrent de coups.

Quand Patrul eut connaissance de ces faits, il leur fit de sévères reproches : "Si vous battez cet homme, c’est moi que vous battez. Alors, laissez-le tranquille !" leur enjoignit-il.
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