Un jour, alors que Patrul Rinpoché et son disciple de cœur Nyoshul Lhungtok vivaient en retraite dans les forêts de Ari Dza, Patrul demanda à Lhungtok à brûle-pourpoint : "Est-ce que ta mère te manque ?"
"Pas vraiment", répondit-il.
"A-dzi ! C’est ce qui arrive quand on ne parvient pas à développer la compassion !"
"Maintenant, tu vas aller dans le bosquet de saules, là-bas, et t’entraîner pendant sept jours à considérer tous les êtres comme ta propre mère, en te rappelant leur bonté. Ensuite, tu reviendras ici", poursuivit-il.
Loungtog passa sept jours à contempler le fait que chaque être avait été autant de mères pour lui au cours de ses vies antérieures, et à réfléchir sur l’amour qu’elles lui avaient alors témoigné. Il développa l’aspiration de les mener au bonheur et à l’éveil.
S’élevèrent alors dans son esprit la bienveillance, la compassion et la bodhicitta authentiques à l’égard de tous les êtres sensibles.
Il revint trouver son maître et lui relata les expériences qu’il avait vécues en méditation.
"C’est ça !" commenta Patrul avec satisfaction. « Voilà ce qu’il faut faire ! Si l’on pratique correctement l’entraînement de l’esprit, des signes particuliers se produisent dans votre esprit. Shantidéva a dit qu’à force de pratiquer, tout devient aisé. Les gens ne sont pas assez assidus. S’ils l’étaient, ils feraient vraiment des progrès."