C’était un alcool fabriqué sur place depuis des générations et dont on se passait la recette de père en fils. Il n’était ni bon ni doté d’une quelconque vertu médicinale, mais il avait la propriété de n’être supporté que par les initiés, ce qui n’était pas rien quand on connaissait la fierté des Ruffiacois. Abstraction faite de son abominable goût d’essence, cet alcool avait un secret : il avait l’avantage – ou l’inconvénient, ça dépendait de quel côté on se plaçait – de délier la langue en la rendant mauvaise au possible.