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Citation de Woland


[...] ... "Tout dépend de la manière dont on fait envisager les choses au roi," déclarait jadis un aventureux personnage de Mina Von Barnhelm. D'esprit aiguisé, Eulenburg ne craint pas de dépasser le ton de la contradiction courtoise et du badinage. Il reproche à Guillaume II un zèle excessif pour les voyages, qui le fait accuser d'insouciance et de légèreté ; il lui signale ses imprudences et le danger de certains discours. Il possède l'habileté de tout dire sous le couvert de la louange : "Le don oratoire de Votre Majesté recèle un danger : qu'Elle en use trop souvent. L'excellent effet d'une allocution peut être détruit par un seul mot d'une seconde harangue. En étant économe de ce don, Votre Majesté obtiendra un succès centuple." Parfois il s'exprime plus librement. Pourquoi avoir écrit sur le Livre d'Or de Munich : "Regis voluntas suprema lex [= la volonté du souverain constitue la loi suprême"] ? La ville a vu deux fous se succéder sur le trône royal ! Holstein affirme à ce sujet : "Votre lettre est héroïque, de l'avis de Marschall et du Chancelier. Votre Sermon sur la Montagne est imposant."

Eulenburg est consterné à la vue du discours que l'Empereur a prononcé à Brandebourg le 24 février 1892 : "Je vous mène vers des jours magnifiques." Il écrit à Guillaume II que cette harangue "a aggravé la situation", et s'efforce de donner un tour agréable à une vérité pénible : "Le grand talent oratoire de Votre Majesté et sa manière captivent les auditeurs présents. Mais une autre image apparaît aux yeux du professeur allemand, jugeant froidement du contenu. Les temps où l'on ne devait pas discuter ce que disait un empereur sont passés. Votre Majesté donne trop souvent trop de publicité aux mots impériaux."

Eulenburg a été accusé de soutenir Guillaume II par courtisanerie dans ses fantaisies d'autocrate. Cherchant en tout à plaire à son maître, à flatter et à devancer ces désirs, ce courtisan, "le moins sincère, le moins scrupuleux, le plus dangereux de l'Empire" se serait ingénié à l'exciter contre la social-démocratie. Cette accusation ne semble pas fondée. Il est vrai qu'un incendie ayant éclaté dans l'été de 1899 en son domaine de Liebenberg, Eulenburg avait écrit à l'empereur : "Je crois que les social-démocrates sont à l'oeuvre pour semer le désordre", et il avait confié à Bülow : "Sa Majesté prétend que l'incendie a été allumé par des social-démocrates qui voulaient atteindre en moi son ami." Mais la même année, il s'affecte du langage exalté que tient l'empereur à la suite de grèves. "Pas d'amélioration à espérer tant que les chefs socialistes n'auront pas été fusillés ! Il faudrait une loi permettant de déporter aux îles Carolines tout social-démocrate." ... [...]
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