Quoi qu'ils nous fassent, nous ne parvenons jamais à croire tout à fait à la mechanceté des hommes. Nous leur laissons toujours une chance de nous démontrer qu'ils nous aiment.
Ce peuple de Gaza, que j'aimais tant, savait être heureux malgré tout ce qu'il subissait. En réalité, il n'aspirait à rien d'autre qu'à jouir de la vie.
"Le Coran, je l'ai lu dix mile fois.
- Oui ?
- Et à chaque lecture j'ai médité. J'ai fait un peu davantage la guerre au mal en moi. J'ai étouffé mes colères, renoncé à mes illusions, à mes mauvais penchant. J'ai grandi en sagesse et en compréhension. J'ai fait mon djihad.
- Et la guerre ?
- Elle n'est sainte que quand elle est intérieure. Allah n'aime pas le sang. Il m'a fallu dix mille lectures du saint Coran pour le comprendre.
- C'était pour cela que tu usais tes yeux ?
- Cela en valait la peine, ma fille. Cela en valait la peine..."
Mais je gardais espoir que les choses puissent évoluer, qu'un jour viendrait où un juge courageux oserait être clément, que cela ferait jurisprudence, que l'homosexualité et l'adultère cesseraient d'être des crimes contre Allah et contre l'humanité musulmane. Que la religion ne se mêlerait plus des amours humaines...
Quand un écrivain publie un conte immoral, son péché est bien plus grand que celui d'une personne ordinaire parce qu'il infecte l'esprit des lecteurs.
- Et tu prétends faire le djihad sans même avoir lu le Coran une seule fois ? Allah te demandera de le réciter mot pour mot avant d'ouvrir pour toi les portes du paradis. Si tu te trompes, ne serait-ce que d'une virgule, c'est en enfer que tu iras. Tu brûleras et tu boiras le pus brûlant !"
Mon fils est interloqué. Ce n'est pas ce qu'on lui a promis. On lui a dit : 'Meurs et nous nous chargeons du reste". Le transfert gratuit jusqu'au paradis. La réservation de ta place. Les festivités. Les femmes toujours vierges. Le miel, les vins, l'eau fraîche. Tout ne sera que lumière et plaisir... Voilà ce qu'on lui a dit.
"Une seule lecture du Coran ne suffira pas, reprend mon père. Lis-le mille fois, dix mille fois. Le jour, la nuit, la nuit, le jour. Quand tu auras fait cela, reviens me voir. Mais ne t'avise pas d'aller mourir avant que je ne te le permette."