— Gérard, vous me serez fidèle en voyage ?
-- Oui, Griselda.
— J'espère que vous ne m'avez jamais trompée en Europe.
— Non, jamais.
— Vous n'avez pas eu la tentation de revoir quelqu'une de vos anciennes amies ?
— Pas une seule... Mais s'il m'arrivait de vous être infidèle et que vous en eussiez connaissance, que feriez-vous ?
— Je ne sais pas. Les femmes ont plusieurs armes : le divorce, le revolver, le talion et le mépris ; chacune a ses bons et ses mauvais côtés. Le divorce est net et précis comme un bilan de comptabilité. Le revolver est dangereux parce qu'on hésite à tuer le coupable, à abattre la complice ou à se tirer une balle au cœur... Il en résulte qu'on s'envoie par accident du plomb dans le pied. Le talion est simple en apparence ; mais comme on n'a pas toujours un amant présomptif sous la main, on fait une bêtise avec le premier imbécile venu. Le mépris est peut-être la meilleure solution. Mais c'est un luxe qu'on peut se permettre quand on est très riche et quand on a un mouvement d'horlogerie à la place du cœur.
— Griselda, vous avez oublié une cinquième arme.
— Laquelle ?
— Le pardon.
— Peut-être.
— Oui, c'est une fleur rare qui ne s'épanouit que dans les âmes de choix.