Le ménage Simond-Liannaz s’était établi dans l’immeuble convenablement
aménagé de la rue Chavanne. C’est là que naquit Philibert Simond. Quatre autres enfants virent successivement le jour.
Pierre en février 1759 qui mourut douze jours après sa naissance. Gaspard le 12 février 1775 qui ne vécut que dix jours. Enfin, deux filles, Jeanne née en 1760 et Michelle en 1772. Ces deux soeurs du Conventionnel survivront à la tourmente révolutionnaire et donneront à la vie tourmentée de leur frère un épilogue réparateur inspiré par leur foi religieuse. Nous aurons, au cours de notre récit, à évoquer bien des fois les figures douces et résignées des gardiennes de la mémoire du Conventionnel.
28 juillet 1914 – mardi
Le 28, ceux qui ont des parents à embrasser ou des affaires à régler dans Nancy sont invités à profiter du « peut-être dernier quartier libre », car sans précision aucune, une atmosphère de tension militaire nous enveloppe. « Ce sera comme pour Arracourt ! » nous disent les anciens.
(Arracourt est, comme Mailly-sur-Seille, un des villages-frontière avec l’Allemagne. Le 26 novembre 1912 vers 23h30, le receveur des postes d’Arracourt reçut un télégramme lui demandant de décacheter l’un des plis secrets qui sont conservés dans son bureau de poste. Il commit une erreur et décacheta un ordre de mobilisation générale. Il en informa tous les hommes valides qui coururent rejoindre leurs casernements à Luneville, Toul, Saint-Nicolas ou Nancy.)
Dans le wagon qui nous emportait vers les Vosges, Bouyer et moi causions tranquillement des événements diplomatiques dont nous instruisaient les journaux de Paris achetés au départ de Nancy.
C’était le 26 juillet 1914, et, tout à la joie d’une courte permission, nous ne pouvions ajouter de sérieuse importance aux noirs commentaires de la rupture austro-serbe.
On pensait aux longues permissions, récompenses d’un séjour d’un mois à Mailly, dont le régiment
rentrait à peine, aux manoeuvres de septembre et à la libération de nos anciens qui ferait de nous-même des « hommes de la classe ».
À Plombières où je retrouvai des amis c’était, oisive et élégante, la vie normale de ville d’eaux, avec un peu d’empressement autour des dépêches affichées au Casino ou aux banques.