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Citation de ahbahouaimaibon


Nous tressons des couronnes aux poètes et nous élevons des autels aux artistes. Par là ils prennent d’eux-mêmes une opinion si grande que rien ne leur paraît plus à leur taille et qu’ils s’estiment dictateurs de nos penchants. Ils imposent leur goût avec fureur et parfois donnent dans l’outrance avec tant de fièvre qu’ils dérangent l’harmonie de notre vie et la douceur de nos mœurs. À les exalter sans mesure, on a tant exaspéré leur vanité qu’ils veulent tout régenter et qu’ils tendent à usurper des droits qu’on ne saurait leur accorder. Leur ambition ne connaît point de limite, et la bourgeoisie, ce rempart de la société, est par eux traitée avec un injuste mépris parce qu’elle se réclame seulement du bon sens. Ils veulent ignorer les lois ordinaires qui régissent nos cités parce qu’elles sont une entrave à leur turbulente fantaisie, et s’ils font parfois appel à la Justice c’est pour solliciter de la Jurisprudence l’établissement d’un véritable droit prétorien destiné à consacrer leurs plus injustes usurpations. Ainsi M. Camoin, artiste peintre, sollicite aujourd’hui dans une cause bizarre une décision judiciaire qui ne tend à rien moins qu’à faire juger que le droit de propriété d’une œuvre artistique est peu de chose et que le propriétaire légitime d’un tableau n’est qu’un détenteur précaire livré aux fantaisies de l’auteur inconstant. S’il était besoin d’une illustration au portrait que j’ai tracé de l’artiste, M. Camoin serait le meilleur des modèles. Il est changeant dans ses humeurs autant que l’est, au gré des heures, la lumière du jour qu’il s’efforce, souvent en vain, de reproduire sur ses toiles. Il varie dans ses affections au point de détester le lendemain ce qu’il a adoré la veille, et s’il fait appel à un prétendu droit moral des artistes, c’est surtout pour défendre ses droits pécuniaires sans aucun souci du préjudice qu’il peut causer à sa propre réputation.
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