Cette oeuvre magnifique est surtout objective. Titien livre peu de lui-même ; il ne formule pas comme Michel-Ange ou Rembrandt des rêves sublimes ou pathétiques. S'il connut des douleurs intimes, il ne les a pas racontées. Peut-être l'âme chez lui ne fut-elle pas à la hauteur du génie pittoresque. Les soucis qui troublèrent son existence furent surtout des soucis d'argent. L'inconduite et les dissipations d'un fils aîné désolèrent sa tendresse paternelle. Homme d'ordre et que l'on put, sur la fin, accuser d'avarice, il se donna mille tracas pour faire rentrer des revenus que lui promettait, sans les lui assurer, la faveur impériale. D'ailleurs, il jouit noblement de la vie, en sage épicurien, en philosophe aimable et facile.