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Citation de Charybde2


J’ai rédigé Théorie du gamer en faisant comme si l’écriture était elle-même un jeu, fondé sur des contraintes, dans l’esprit d’un auteur comme Georges Perec. Les contraintes étaient les suivantes : chaque chapitre compterait exactement 25 paragraphes ; chaque paragraphe ne pourrait excéder 250 mots ; les titres de chapitre comprendraient un seul mot, désignant le concept principal du chapitre ; les chapitres seraient organisés par ordre alphabétique, comme si le livre était un abécédaire du galer, sauf qu’il n’irait que de « A » à « C » ; chaque chapitre porterait sur un jeu et un concept ; je ne pourrais écrire sur un jeu que si j’étais allé jusqu’au bout.
Les jeux dont je traite sont un mélange. Certains étaient très populaires, d’autres pas. Certains resteraient comme ayant quelque qualité esthétique, d’autres se révéleraient parfaitement jetables. Tous présentent ce que les spécialistes appellent une mécanique de jeu, une forme de jeu, qui est restée un standard dans les jeux jusqu’à ce jour. Même si je m’intéresserais beaucoup plus à la forme des jeux qu’à leur contenu, je voulais montrer comment les formes sont impliquées dans le monde social, historique et polémique. J’entendais ainsi polémiquer avec les deux principales écoles de game studies de l’époque : l’une considérait la forme comme si elle était hors de l’histoire ; l’autre assimilait les jeux à l’histoire sans guère réfléchir à leur forme.
S’il existe un élan fondamental dans Théorie du gamer, ce sera celui-ci : les formes des jeux vidéo sont partie intégrante d’un monde de plus en plus constitué par ces mêmes formes. La troisième nature de la communication et de l’informatique qui encercne le monde transforme celui-ci en un ludespace. Tout, au monde, devient un élément dans des jeux globaux de concurrence pour l’attention, les ressources, l’extraction de valeur, l’influence stratégique. Dire que nous sommes tous sous surveillance et que le monde se transforme en gigantesque panoptique n’est qu’en partie vrai. Il y a aussi le Grand Jeu à l’échelle mondiale. Une échelle à la fois mondiale et intime, où nous ne sommes pas joueurs mais joués.
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