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Citation de Charybde2


L’étude des jeux nous montre ce que ce monde-là imagine être sa forme idéale. En effet, les jeux sont une version quasi utopique de notre monde : on y trouve un « terrain de jeu égal », la concurrence y est réellement « libre et non faussée », le meilleur joueur gagne, et quand on gagne, c’est grâce à ses qualités de gamer, grâce à son habileté, ses capacités, sa persévérance. Peu importe que l’on trouve cette utopie désirable ou non : l’important est que le jeu matérialise un idéal partout trahi dans la vie quotidienne. Dans cette dernière, le terrain de jeu n’est pas égal. La concurrence n’est pas vraiment libre. Le jeu fonctionne d’autant plus une critique de tels idéaux qu’il les incarne à la perfection.
D’autre part, le monde quasi utopique des jeux possède des limites qu’il partage avec un monde transformé en ludespace, mais qu’il peut aussi renforcer. Cette conception du monde ne laisse aucune place à l’ambiguïté, appréhende exclusivement le temps comme vide, uniforme et répétable, conduit à percevoir l’autre comme une cible, etc. Grâce à un jeu attentif au sein du jeu, on fait bien des découvertes sur ce que ce monde imagine être une forme bonne, pour le meilleur ou pour le pire.
Toute forme a ses limites. Les jeux, comme le roman ou le cinéma, sont des formes intriquées aux mondes qui les ont faits. Plus largement, ils révèlent quelque chose du monde des formes. Ils limitent et façonnent aussi la perception et les sensations. […] Mais je voudrais ajouter à cela que les jeux nous montrent quelque chose du monde qui a bien plus d’importance à notre époque. Les jeux, comme une grande partie du monde, sont organisés selon des logiques computationnelles. Ce sont des fragments métonymiques de ce monde, plutôt que des métaphores ou des représentations.
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