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Citation de Charybde2


Enfin, le monde ressemble à un jeu d’une façon plus mélancolique : dans les simulations qui montrent ce que fait au climat la somme totale des activités du ludespace de troisième nature. Le ludespace généralisé qui contrôle le destin de la planète diffère des jeux proprement dits à deux égards essentiels : d’abord, il est sans dehors – un jeu est délimité dans l’espace et le temps, or le ludespace subsume l’ensemble de la planète sous une logique ludique ; ensuite, on ne joue pas à un jeu jusqu’à la mort. Ses enjeux sont symboliques. Le vainqueur ne tue pas le vaincu, sinon il ne resterait plus personne pour reconnaître la victoire. Le joueur vaincu vit et jouera encore, alors que le ludespace, avec les dégradations climatiques qu’il engendre, est en passe de détruire la planète. Ce ludespace de troisième nature vise une victoire totale sur la nature dont il dépend. Il joue pour toujours. S’il triomphe, nos descendants ne seront pas là pour le reconnaître.
[…] En attendant, le ludespace est encore partout, comme une caverne dont on ne pourrait pas sortir ; nous continuons de jouer, et ce n’est plus drôle du tout. Théorie du gamer est une modeste tentative d’inventer des tactiques, dans le ludespace et contre lui, en vue d’une praxis du gamer. Je ne sais pas si l’on pourrait appeler cela une politique, car la subordination de la forme narrative à la forme algorithmique signifie peut-être la fin du concept de politique reposant sur une logique narrative, sur l’hégémonie, etc. Mais ce pourrait être une manière de penser le pouvoir plus adéquate à une époque où l’espace apparaît régi par des logiques qui ne sont ni absolutistes ni même strictement « capitalistes », en aucun sens du terme que l’on a connu jusqu’à présent.
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