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Citation de Cielvariable


Un son familier a attiré mon attention. Un bruit auquel mes oreilles s’étaient complètement habituées, et ce depuis un bon moment, au point qu’elles étaient capables de le différencier de tous les autres. Le ronronnement du moteur de Rob. Enfin, de celui de son Indian, pour être précise.

J’ai pivoté sur mes talons. C’était bien lui. Il venait d’entrer sur le parking et, force m’est de l’avouer, il était encore plus craquant en plein jour qu’il l’avait été la nuit précédente, au clair de lune. J’ai laissé Tisha et me suis dirigée vers lui. Quand il s’est arrêté près de moi, a coupé les gaz et a retiré son casque, j’ai cru que mon cœur allait exploser tant ce type était splendide, avec son jean étroit, ses bottes de moto, son T-shirt moulant, ses cheveux bruns un peu trop longs et ses yeux gris clair.
— Salut ! m’a-t-il lancé. Juste celle que je cherchais. Ça roule ?
— Salut, ai-je répondu d’un air décontracté, consciente de tous les regards rivés sur nous. Ça va. Et toi ?

Il est descendu de bécane et a passé une main dans ses tifs.
— Oh, moi ? Pas de problème. Après tout, c’est toi qui as essuyé les plâtres. D’abord auprès des fédéraux, puis de tes parents. Je me trompe ?
— Pas du tout. Ils n’étaient pas des plus enchantés. Pas plus

Allan et Jill que Joe et Toni.
— Je m’en doutais. Alors, je me suis dit que j’allais profiter de ma pause déjeuner pour venir voir si tu tenais le coup.

Apparemment, tu m’as l’air en pleine forme. Plus que ça, même, a-t-il ajouté en m’examinant de la tête aux pieds. Une raison particulière pour expliquer ces falbalas ?

Allusion à une de mes nouvelles tenues achetées pendant les vacances. Un chemisier noir avec col en V, une minijupe rose et des sandales noires à talons. J’étais très chic, pour parler comme en cours de français.

— Oh, c’est juste que… je fais des efforts, cette année. J'étais très chic pour parler comme en cours de français.
— Oh, c’est juste que… je fais des efforts, cette année. Je tâche de ne pas m’attirer trop d’ennuis.

Pour mon plus grand plaisir, il a froncé les sourcils, l’air mécontent.

— Ce n’est pas avec des jupes aussi courtes que tu en prends le chemin, Mastriani. Crois-en ma vieille expérience. Hé, c’est ma montre, ça ! s’est-il exclamé ensuite en regardant mon poignet.

Flûte ! J’étais cuite et recuite ! J’avais trouvé la montre, un objet noir et lourd plein de boutons qui faisait des trucs bizarres comme donner l’heure au Nicaragua, dans la poche de sa veste en cuir, veste qui trônait désormais à une place d’honneur dans ma chambre – je l’avais suspendue à l’un des montants de mon lit. Il m’avait paru évident qu’il fallait que j’arbore cette montre à l’école. N’importe quelle fille aurait pensé pareil.
— Ah oui, ai-je susurré avec une nonchalance étudiée. Tu me l’as prêtée cette nuit, tu te rappelles ?
— Maintenant, oui. Je l’ai cherchée partout. Envoie !En traînassant le plus possible, j’ai détaché le bracelet. Je sais, il était ridicule de ma part de m’accrocher ainsi à la montre de ce type, mais c’était plus fort que moi. C’était comme un trophée. Mon trophée.
— Tiens, ai-je dit en la lui tendant.

Il l’a prise et l’a fixée à son poignet en me dévisageant comme si j’étais cinglée. Ce que j’étais sans doute, à la réflexion.

— Elle te plaît ? m’a-t-il demandé. Tu en voudrais une comme ça ?
— Non. Pas vraiment.
Impossible de lui avouer la vérité, non ?
— Parce que je pourrais t’en avoir une, si tu veux. Même si j’aurais cru que tu préférerais une de ces montres de dames.
Celle-là est un peu ridicule, sur toi.
— Je n’ai pas envie d’une montre.
Juste de la sienne.
— D’accord, si c’est ce que tu veux.
— Oui.
— Tu es zarbi, a-t-il continué après m’avoir examinée un instant. Tu es au courant ?

Formidable ! Mon mec traversait toute la ville au lieu de déjeuner rien que pour m’annoncer qu’il me trouvait toquée.

C’était d’un romantisme ! Heureusement, Tisha et sa clique étaient trop loin pour avoir entendu.
— Bon, il faut que j’y retourne, a-t-il repris. Évite les ennuis.

Laisse l’enquête aux pros, compris ? Et appelle-moi, OK ?
— Promis.

Il a plissé les paupières.
— Tu es certaine que ça va ?
— Oui.

Ce qui, évidemment, n’était pas vrai. Enfin, si. J’allais bien tout en allant mal. Ce que j’attendais de lui, c’était qu’il m’embrasse. D’accord, d’accord, c’était débile. D’espérer un baiser. Surtout parce que Tisha et un tas d’autres gens nous observaient. Mais c’était un peu comme la raison pour laquelle j’aurais voulu conserver sa montre. Je souhaitais juste que tout un chacun sache que j’avais un mec.
Et que ce mec n’était pas Skip Abramowitz.

Bon, je ne prétends pas que Rob a lu dans mes pensées. C’est moi qui ai des talents spéciaux, pas lui.

Je ne soutiens pas non plus que j’ai, d’une façon ou d’une autre, glissé cette idée dans son crâne. Mes pouvoirs surnaturels se limitent à retrouver les personnes disparues, pas à suggérer aux garçons de m’embrasser.

N’empêche, il a levé les yeux au ciel, a poussé un juron, a plaqué sa main sur ma nuque, m’a attirée vers lui et a déposé
un rude baiser sur mon front.
Puis il a grimpé sur sa bécane et a filé.
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