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Citation de Charybde2


Chambre 3. Une jeune femme seule, les yeux jamais posés sur rien, la bouche et les mains ouvertes comme une Ophélie noyée. Sort tout le temps, rentre à pas d’heure mais déjà dehors quand je toque à la porte pour lui demander si elle souhaite que je fasse l’entretien le matin. Chambre 17. Bébé génie des réseaux, agenre comme quasi tous les mômes qui ont eu la chance de grandir après la floraison, avec la panoplie flippante des hackers de milice. Sort jamais, squatte la connexion, accepte à contrecœur dix minutes de ménage une fois par semaine. Chambre 4. Lui, il doit tutoyer la soixantaine, et il a la beauté fiévreuse des prêtres et des amants monstrueux, ceux qui hantent les cathédrales et les opéras après avoir brûlé trop vite leurs stocks de prières. Se balade partout dans la pension sauf dans sa piaule, prend en silence son petit déjeuner dans le réfectoire à l’heure où il se déserte, parle avec les chats dans la cour mais avec moi jamais. Parfait. Je tiens pas à discuter. Je suis pas Kimia, moi. Ils s’en rendront compte bien assez tôt. Elle – elle, elle s’était rendu compte de tout, tout de suite. Mais elle est plus là pour raconter. Alors je m’occupe. J’ai assez de boulot à faire et défaire le puzzle des pensionnaires, à me balader sur l’échiquier de leurs détresses, défigurer les noms, réécrire les visages. Parce que personne, personne, ne revient dans la Ville sans bagages.
Il leur faut juste un endroit où aller après. Faudrait. Pas à moi de savoir où. Si je savais, hein… Moi, je suis l’endroit où ils sont maintenant. Le réceptionniste dont ils ignorent le nom. Un genre d’ancre, si l’on considère que même le Titanic a besoin d’une ancre. Le temps qu’il faudra. Le temps qu’il reste.
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