AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782370492371
120 pages
La Volte (21/03/2024)
3.67/5   9 notes
Résumé :
Après qu'une révolution a permis de mettre un terme au capitalisme et de sauver une portion de la Terre, la population jouit d'un bonheur fragile, nourri de solidarité et de frugalité. Au coeur de l'archipel de Koinè, dans une vieille ville abandonnée, un groupe de gens usés par la vie sont réunis dans une étrange pension où ils espèrent se reconstruire. Mais un séisme approche.
Que lire après KoinèVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Après la déception constituée par Sauve qui peut, Demain la Santé, difficile de dire que l'on attendait le prochain texte de Mélanie Fievet.
Pourtant, elle nous revient dans la collection de novella placée sous le signe de l'utopie pilotée par La Volte : Eutopia.
Avec koinè, nous voici de retour dans un monde d'après le capitalisme où une pension accueille des personnes brisées cherchant un nouveau souffle. L'utopie post-capitaliste ne serait-elle donc pas parfaite ?

Pas de surprise pour qui connaît La Volte et le précédent texte de Mélanie Fievet de la retrouver avec une novella qui nous parle d'une utopie aux accents communistes et anarchistes.
Ce qui surprend, par contre, c'est que l'admiration béate du nouveau « système » n'est ici pas de mise.
Comme on l'a dit précédemment, koinè (qui signifie en fait Commune) prend place dans une sorte d'archipel de communautés (ou plateaux) organisées autour des ruines d'une Ville jamais nommée.
Chacune possède ses singularités : Kimris et ses bambouseraies, Elam et ses pratiques alchimiques ou encore Urartu et ses spécialistes en tous genres. Ce qui les rapproche ? Une nouvelle philosophie de vie faites de partage, d'abolition de la propriété et des richesses, de répartition du travail selon les capacités de chacun ou encore de permaculture et d'écologie.
Pourtant, alors que tout semble idyllique sur le papier, une pension dirigée par un certain Bob Blaine devient le refuge de personnes en proie au doute, au remord ou à la colère. Des gens qui ont connu (ou pas) la Révolution elle-même et qui savent que l'ancien monde rôde toujours quelque part.
Elpy, Aliocha ou encore Soran. Trois personnages d'âges et d'horizon différents qui logent là en attendant de retrouver des lendemains qui réenchantent. de l'ancien leader désabusé au nerd asocial confronté à des jeux dangereux en passant par une femme à la recherche de sa soeur.
Chacun reçoit une lettre, chacun croit y trouver quelque chose ou quelqu'un. Comme si les douleurs se rejoignaient.
Mélanie Fievet étonne. Non seulement parce que son style s'est affiné, plus calme et plus maîtrisé, moins dans l'esbrouffe et plus dans l'intime et le réel. Elle s'interroge d'ailleurs d'emblée : « Pourquoi, dans un monde utopique, est-ce qu'on choisit quand même de se suicider ? »
De là, découle une réflexion passionnante sur la fragilité de l'utopie et sur l'imperfection des révolutions à travers le chagrin, le doute et la colère des trois (quatre ?) personnages.

Dans koinè, la Ville n'est que ruines amères qui rappellent naguère.
Pourtant, d'autres choses avancent et tâtonnent, construisent le futur de façon originale et vivante. le Choeur d'un côté, qui chante-décide-pense la Commune, le Texte de l'autre, sorte de cadavre exquis numérique d'où poussent les vies de chaque citoyen dans cette utopie nouvelle.
Mais cela ne suffit pas. On découvre qu'il reste des échardes de l'ancien monde, de ce capitalisme et de cette méritocratie qui viennent hanter le réel comme le réseau, où des jeux proposent une nostalgie risquée.
Il reste des remords, des crimes, du sang. Car la Révolution ne peut pas s'accomplir dans la douceur, parce qu'elle s'est faites par la violence et que ceux qui l'ont vécu l'ont encore en eux.
Il faut comprendre alors qu'une fois l'utopie atteinte, elle s'échappe de nouveau, qu'il faut sans cesse la travailler, l'accompagner, l'écouter.
Qu'elle va prendre du temps, de la sueur et des larmes. Des départs, même.
Soran, l'ancien idéaliste, celui que l'on devait citer avant pour chaque grande décision le sait bien. Bob Blaine aussi, au plus profond de lui.
Reste alors cette histoire de lettre, puis ce meurtre étrange qui semble complètement irréel sans même parler du tremblement et de l'éruption qui s'annoncent. Autant de métaphores plus ou moins palpables pour comprendre le séisme qui se joue dans l'esprit des personnages en pleine mutation, autant de transformations qui feront les nouveaux hérauts de demain.
Finalement, c'est cette image de pension mélancolique qui habite à la fin le lecteur, ces destins croisés rongés par le doute d'hier et d'après, même si parfois l'ensemble se fait cryptique ou exagère sa poétique pour affirmer sa singularité, l'ensemble touche par la précision de sa prose, par le relief marquant de ses émotions et par la beauté de ses promesses.

koinè rassemble les rêves d'un monde débarrassé du capitalisme pour montrer les fantômes derrière les façades encore fragiles. Mélanie Fievet a gagné en maturité et en style, elle trouve la voix médiane qui sait mettre en avant ceux qui doutent et ceux qui espèrent, et le résultat en est aussi beau qu'intrigant malgré quelques errements un peu trop cryptiques qu'on pardonnera aisément.
Lien : https://justaword.fr/koin%C3..
Commenter  J’apprécie          140
Ne vous fiez pas à son faible nombre de pages, koinè est un livre dense et exigeant (comme toutes les publications de la Volte sur lesquelles j'ai pu poser les yeux).
Alors que les blessures d'un passé traumatisant (la disparition de la quasi totalité de la terre, rien que ça) sont encore à vif et que le présent semble bien sombre pour une population dont l'espace vital se résume à quelques plateaux et villes, l'auteure au lieu de nous décrire ce monde nous le fait comprendre par petite touches. En faisant le choix d'un roman choral, elle nous replace dans la réalité de chacun de ses personnages, une grande part de l'action se déroule en coulisse, nous laissant libre de notre interprétation.
Seul le décor de l'hôtel, qui constitue le seul hub de rencontre des différents personnages nous devient familier et c'est en pointillisme que nous comprenons le contexte global.
Ce choix esthétique rend parfois difficile le tri des informations cruciales de celles anecdotiques, et tout au long de la lecture j'ai constamment eu le sentiment de lire et relire certains paragraphes ayant parfois l'impression d'être passé trop brièvement sur certains faits.
koinè, malgré sa difficulté ne rebute pas le lecteur, mais au contraire lui donne envie de lire et relire certains passages. Une lecture riche qui appelle à une relecture de ce court roman dans les prochains mois afin d'en tirer plus que ce que cette première lecture m'a permis.
Comme d'habitude chez La Volte, on nous offre des livres exigeants dont la portée ne se fait pas forcément sentir immédiatement, mais dont les idées contribuent à une réflexion sur ce que pourrait être une civilisation « bonne » dont nous ne faisons qu'entamer l'exploration.
Commenter  J’apprécie          10
C'est un récit court, mais qui n'est pas simple à appréhender. Il est assez exigeant de par le style de l'autrice qui propose ici une histoire décousue. C'est un roman choral tout en introspection qui semble parfois n'avoir ni début ni fin.
Je serais bien en peine de faire un résumé de cette lecture.
J'ai apprécié cette expérience, mais je ne suis pas certaine d'avoir compris tous les messages de cette histoire.
Je savais en sélectionnant ce roman dans l'opération Masse critique de mars que les textes proposés par la Volte sont atypiques. Je suis donc contente de l'avoir reçu pour découvrir aussi cette maison d'édition.
Commenter  J’apprécie          10
Voici le dernier récit paru chez la Volte, « koinè » dans la collection Eutopia, une novella intéressante qui questionne et se montre aussi exigeante que l'on peut l'attendre de la part de cette maison d'édition.

Je dois bien reconnaître qu'il m'a fallu un temps d'adaptation au début – voire peut-être tout le long, en fait – pour m'imprégner du fonctionnement, de l'univers, comprendre où j'évoluais. Selon moi, c'est le type de texte que l'on lit… puis que l'on relit.

C'est court, mais riche, et l'on découvre l'environnement par le biais des personnages. Ce sont eux qui nous guident et nous dévoilent la ville à travers leurs voix qui se mêlent et s'entremêlent, ce chant qui anime le récit et dont chacun compose sa strophe pour donner vie à l'ensemble. koinè est une harmonie.

Chaque protagoniste a un ton qui lui est propre et au-delà d'un récit d'eutopie, je dirais que c'est un texte qui se montre très psychologique. On est plongé dans la psyché de chacun, dans leurs réflexions et leurs failles. Il y a une espèce d'aura de désespoir qui plane, et qui vient transcender l'idée de société idéale qu'on nous présente. Ce paradoxe vient questionner la viabilité de la société, oscillant entre la situation présente, le danger qui plane et le passé dont la réalité est encore un peu trop récente. Beaucoup de sujets se bousculent à travers le vécu de ces personnages qui semblent un peu égarés et viennent nous entraîner dans leur spirale.

Quelque chose de fort émane de la plume de Mélanie Fievet et pousse à réfléchir. Une manière d'amener ce genre qui présente un idéal pour finalement aller creuser plus loin, faire écho et questionner notre réalité. N'hésitez pas à vous engouffrer dans ce texte et en débusquer ses sens.
Commenter  J’apprécie          20
Extrait de ma chronique :

"Sans surprise, puisque depuis La Croisade des enfants de Marcel Schwob beaucoup de polyphonies littéraires (y compris le Saccage de Quentin Leclerc, auquel koinè fait parfois penser) s'organisent, suivant la remarque de Deleuze & Guattari autour d'un vide central, Mélanie Fiévet recourt (comme Claude Ecken) à une narration chorale – un récit lui aussi en forme de tore donc, et situé dans un lieu indépendant des cinq plateaux, la Ville, "une centrale de retraitement des gens usés" (page 11).


koinè sera donc l'histoire de "quelques âmes étranges" (page 98), étranges mais archétypiques, toutes habitant (hantant) la "pension Zimmer" (page 104, allusion à Bob Dylan), sous le regard d'un non moins étrange réceptionniste, Bob Blaine (oui, l'imaginaire de l'hôtel comme lieu de transit en périodes troublées joue à fond)"
Lien : https://weirdaholic.blogspot..
Commenter  J’apprécie          70


critiques presse (1)
Actualitte
22 mars 2024
Mélanie Fievet nous offre ici un petit conte de toute beauté, où une plume généreuse et astucieuse se mêle à une philosophie et un regard lucide sur notre monde. C’est intelligent, c’est élégant – et c’est, comme souvent avec les éditions La Volte, un texte de science-fiction nécessaire.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Je pourrais meubler le vide. Je les laisserais parler et je partirais, une ultime fois, m'injecter trois chapitres de romance musico-parfumée dans chaque narine. Une histoire de soldat abîmé par la guerre et d'escroc à la petite semaine qui se réfugient ensemble dans un sous-sol pendant une catastrophe naturelle et s'abandonnant à la passion dévorante qui les électrise. Je voudrais m'abîmer, me soûler d'amour fictif jusqu'à mourir, laisser pour de bon mon œuvre me survivre, la délivrer de moi comme elle m'a libérée d'elle, boire et manger tous mes livres d'une seule infinie gorgée, jouir de leur goût de miel dans ma bouche et de leur amertume dans les entrailles.
Commenter  J’apprécie          30
Aucun projet politique ne peut changer fondamentalement la nature humaine. C'est étrange qu'à travers les siècles on ait eu si peur de ça. Si des siècles de domination n'ont pas eu raison de tous les élans généreux et altruistes, du dévouement, de la bonté, comment est-ce que quinze toutes petites années d'égalité et de justice auraient effacé les sursauts du chagrin, de la solitude, de la violence et du dégoût ?
Commenter  J’apprécie          30
Le nom surgi d'autrefois colmate les vannes de sa mémoire pendant un instant. Plus rien ne coule. Puis le souvenir, sournois, s'immisce et sourd, promesse de sources qui sont autant de sables mouvants.
Commenter  J’apprécie          00
Je sais, depuis un moment maintenant, depuis que je passe toutes mes heures libres à errer dans les rues, que je suis pareille aux vestiges. Emmêlée de lianes et hantée d'oiseaux. Fragile et salée.
Commenter  J’apprécie          00
C'est seulement

après

la conquête du pain

que peut s'accomplir enfin, en chaque âme,

(le chant l'espère de toute sa ferveur)

la conquête du plein.
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : science-fictionVoir plus
Les plus populaires : Imaginaire Voir plus

Lecteurs (43) Voir plus



Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4878 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..