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Citation de Jean48


Ces quelques semaines d’affranchissement et de joie touchent à leur fin. Et plus tôt que prévu : les affaires de mon père ont été expédiées, de par sa légendaire efficacité et son sens du commerce non moins complimenté. Que l’aventure tourne court, que l’on mure à nouveau les trouées qu’avec patiente j’ai creusées vers San Telmo et tout ce que je découvre avec Marcello, cela m’est insupportable. Je fulmine. Ce n’est pas l’impression d’un retour prématuré de mes parents qui me ronge de l’intérieur et me donne envie de crier. C’est la sensation d’un avortement. Un avortement de soi. L’impression d’un commencement que l’on interrompt.
L’impression d’avoir été initiée. Initiée à. À quelque chose. À autre chose que les choses connues. D’avoir eu le droit de réfléchir et l’espace pour. L’espace oui. L’espace qui me manque à Recoleta et qui a pris la géographie de San Telmo. Espace gagné comme sur les frontières. La frontière du pays contre les Indiens, la frontière nord-américaine contre tous ses voisins, la frontière des régions d’un continent vieux, dit-on, qui ne rêvent pourtant que d’empires pour se dilater. Mais non. Cette frontière-là n’a rien à voir. Il s’agit de moi. De mon être. Que l’on veut atrophier. Que l’on veut plier pour qu’il ne prenne pas trop de place. Ni dans la famille, ni dans la société. De ma pensée. De mon intelligence peut-être. Je repense aux mots de Marcelo. La liberté dans la profondeur. C’est exactement ici que l’on m’attaque. Dans
ce domaine qui n’appartient qu’à moi, qui n’amputera aucun autre si je le conquiers, mais que l’on ne cesse pourtant de vouloir m’arracher.
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