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Citation de SZRAMOWO


La porte d’entrée, peinte en noire, est surmontée d’une fenêtre à croisillons blancs et s’ouvre sur la voie publique. Le heurtoir, un rond de bronze, fait un bruit net et sonore, tac tac. La maison donne sur Pavilijoensgracht, débouchant sur le Cingel au sud de La Haye, dans le voisinage immédiat d’un hospice ouvert en 1616 pour accueillir les femmes pauvres et les veuves. Sans être imposante, la demeure a un abord plaisant, avec ses briquettes rouges, ses trois niveaux percés de grandes fenêtres à montants blancs, ses volets rouge rouille. La façade se rétrécit sous le pignon à gradins. Spinoza, philosophe, célibataire, habite le deuxième et dernier étage qu’il loue depuis 1671 à un peintre miniaturiste spécialisé en décoration intérieure, Hendrik Van der Spyck. Ce dernier vit avec sa femme et ses enfants dans cette maison située non loin du centre de
cette ville qui respire la prospérité, comme toutes les villes des Provinces-Unies depuis la fin de la domination espagnole et l’instauration de la République.
Depuis l’indépendance, une liberté de ton anime les discussions à laquelle il est difficile de renoncer quand on y a goûté. Dans ce pays, on a pris également goût à la peinture d’après nature, genre alors en plein âge d’or. Les Provinces-Unies se trouvent aux avant-postes d’une révolution politique qui se prolonge en révolution artistique et philosophique. Les peintres hollandais sont plus libres, ils se détournent des sujets historiques et théologiques dominants dans les pays du Sud de l’Europe et en Flandre, où l’Église catholique a resserré son étau sous l’impulsion de la Contre-Réforme. Le calvinisme contraint à la retenue, il empêche que des nudités extravagantes – comme on en trouve chez Rubens ou le Caravage –, ne s’étalent sur
les tableaux, par puritanisme certes mais aussi par rationalité : cette astreinte évite que les nudités deviennent les preuves fallacieuses d’une quelconque faute originelle de l’homme et du caractère vicieux du corps.
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