Quand la nuit aura cessé de nuire
Et que le jour aura cessé de bruire
Je serais dans ces contrées sauvages
Séparée des prairies d’élevage
Et délestée de corps et d’empreinte
J’oublierai ces captives contraintes.
Demain, je partirai au petit matin
Il n’y aura ni adieu ni geste de la main
Ce sera le matin de lumière intense
Qui scintillera de sublimes substances
Je rejoindrai l'affluent du ciel
Au confluent de l’amour essentiel
Je voyagerai loin, longeant ce chemin
Jonché de roses rouge carmin.
Demain, est un aujourd’hui en partance
Où le temps n’a aucune importance
Une danse sur des étoiles en fleurs
Une musique qui retrouve son cœur
Un pays où les mirages ne sont vains
Le jour où j’embrasserai mon destin.
Je me demande ce que le vent dit aux vagues, pour que la mer se démonte, se soulève et se rabat sur des récifs trop étroits… afin qu’elle se disperse, et que les gouttes flottent un instant, entre brume et pluie…. Entre ce qui était et ce que pourrait devenir… l’eau… si elle s’évaporait, et retournait vers ses vieux nuages qui obscurcissent certains cieux, ou ce brouillard latent... qui nous attend.
Il a tendu la main
Avant qu’ils ne soient
Et qu’ils ne dansent
Et qu’ils n’atteignent la transe
Sur son cadavre nu
Il a palpé le temps
Et brisé le lien
Et a offert sa dernière pierre
Au vieux chemin
Il a tendu la main
Et montré le ciel
En un long cérémonial
Il a esquissé l’ange
L’aile de mésange
Avant leur arrivée
Il a donné la mesure
Et a pansé leur originelle
Blessure
Il a tendu la main
Et tissé des vers
Pour rapiécer l’univers
Il a gardé les yeux ouverts
Puis
Il a expiré de travers.
Rien qu’une goutte
Qui glisse dans l’entre-temps
Là où le jour bâille
Sur ta main vaine
Une larme lucarne
Volatile
En éclats d’éternité
Une larme âpre
Longtemps réfugiée
Aux bordures
Des morsures
Une larme qui ne lave rien
Juste une égratignure
Sur ton mur
Perle d’écaillure
Qui désordonne la surface
Larme de réminiscences
Qui frémissent
Et font déborder le calice
Une larme au souffle de lys.
Raconte-moi la nuit,
La fraîcheur de tes rêves
La lune qui éclaire le ciel
La toile arachnéenne
Raconte-moi le vent
La tempête de ton âme
La poussière qui entre dans l’œil
Les goélands du ciel
Raconte-moi le temps
L’âge de ton cœur
La pluie qui tambourine au toit
Le chant des cigales
Raconte-moi l’envie
La passion qui ravage
Les histoires qui tiennent debout
Les voyages imaginaires
Raconte-moi le jour
L’éveil au soleil
Le pain qu’on tartine au beurre
Le goût du café
Dis-moi ces petits riens
Mais jamais l’essentiel
Raconte-moi la vie
Esquisse-moi ses contours
Tourbillon de petites choses rouges
Qui se déposent sous mes paupières,
Je traverse l’hiver
Et les autres saisons
Le cœur rougeoyant.
Les reflets écarlates qui se dessinent
Sur ma cape
Ne savent dire la fournaise
Que mon âme transpire.
Coquelicot dans un champ blanc,
Je cimente mes rêves
Pour qu’un reste de chaleur
Perdure aux temps froids.
Au silence des ruines,
L’aube se lève entre deux hésitations
Le monde poursuit sa course
Derrière la montagne,
Des échos parviennent
Le brouillard y est si dense…
Dans les bras de la nuit,
La guerre sévit.
Ici le soleil brille,
Mais pour qui ?
Entre deux mensonges du temps,
Je ne crois plus au printemps.
J’invoque l’architecte du ciel
Qu’écarlate la mère implore
Tandis que la sève vermeille
Couvre sa terre d’horreur.
J’appelle l’âme de dame-nature
Que la malice a fourvoyée
Mille soldats de même ossature
Qu’aucun Dieu n’a déployé.
Sous l’arcade d’un ciel clément
Qu’une vile terreur a déflagré
Le chagrin a creusé des sillons
Pour charrier d'infinies plaies.
N’entends-tu l’oraison funèbre
Sourdre de coulures d’humains
Se répandre comme une fièvre
Et calciner ses lendemains.
Seule la mer comprend les vagues
Allusions que le cœur exprime
Au-delà du voyage, la route
Divague sans ambages
Je ne saurais dire où tes yeux
Brumeux naviguent
Ce que je vois et ce que je perçois
Fond dans un voile délicat
Il est des espaces où le regard
Tait le mystère d’un univers
Le silence mousse sur l’écume
Fragile de l’émotion
Tandis que la vague déferle
Au loin dans l’océan.
Le temps s’était fragmenté
En fractions éparses
Que personne ne savait ramasser
Au cadran de l’horloge
Il indiquait l’intervalle
Quelques instants gisaient ici ou là
Quelques lumières et pénombres
Projetées sur ta face
Pas de quoi le rétablir
Le fil est fugace
Le temps a laissé une trace
Dans les rides de tes mains
Il reviendra la chercher.