Michael Connelly

Il se fit un sandwich beurre de cacahète-gelée, empila les dossiers de l'affaire Bonnie Brae sur la table de la salle de séjour et mit un disque de Ron Carter qu'il n'avait pas écouté depuis un moment. Comme il s'intitulait Dear Miles, il se dit que cet enregistrement de Carter de 2007 devait lui avoir été inspiré par le temps qu'il avait passé dans le groupe de Miles Davis dans les années 60. Mais il ne le choisit ni pour ce qui était à son origine, ni pour les standards de Miles qu'il contenait. Ce qu'il cherchait, c'était un rythme, et la ligne de ontrebasse plus que vigoureuse de Ron Carter entraînant tout son quartet lui en impulserait sûrement un. Il fallait qu'il termine tout ce qu'il y avait sur l'affaire Bonnie Brae dans la nuit pour pouvoir repartir sur le dossier Merced avec un élan indéniable. Et Ron Carter l'y aiderait.
Il reprit tout à l'endroit où il était resté. Il ressortit la pile de coupures de journaux, mais cette fois, sans être coïncé par l'étroitesse d'un siège d'avion, il les étala en travers de la grande table en espérant que toutes ses photos et manchettes déclenchent quelque chose dans sa tête. Que cela lui donne une idée, ou qu'il repère un détail qu'il aurait raté dans une photo, ou un mot dans le titre d'un article qui soudain lui fasse découvrir un lien jamais remarqué...