C'est l'histoire d'un fromage parfait qui rend fou ceux qui le goûtent, au point de changer leur vie pour lui. C'est le cas de Mickael qui n'hésite pas 20 ans après l'avoir goûté (en fait non, il salive devant ...), à s'installer à Guzman, au plus près d'Ambrosio, personnage tout droit sorti d'un roman picaresque, géniteur de ce fromage et gardien des traditions perdues ....
Le roman se lit bien et on s'étonne quand on est à la 200 eme page d'avoir autant de choses à raconter autour de ce fromage. Pire, on en redemande les 200 pages suivantes ....
La particularité de ce roman tient sur la particularité des notes de pages qui sont autant de digressions possibles sur le climat, les brebis, la petite comme la grande histoire de l'Espagne, la traditions ou 1000 autres anecdotes rocambolesques en plus d'être un pan de culture.
Bref, on est happé par ce récit en se demandant à la fin comment on peut lire 400 pages sur un fromage....
Le Paramo de Guzman et l'effet qu'il produit sur les gens qui le goûtent et ceux qui rêvent de le goûter ....
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Merci à Babelio et aux éditions Noir sur Blanc pour m'avoir permis de tester le journalisme narratif avec cette œuvre !
La chambre à récits, c'est avant tout une leçon d'apprentissage : on y parle du démon de l'industrialisation, de respect, de traditions, d'amour, mais aussi de trahison. On nous parle de faux héros, de points de vue divergeant et d'histoire qui donne la chaire de poule.
Michael Paterniti nous conte un bout de sa vie, une quête qui le ronge depuis sa jeunesse, une histoire de fromage prometteur et au dessus de ses moyens. Au final, c'est sur près de 30 ans que le récit se dévoile et révèle quelque chose de beaucoup plus vaste que du simple lait caillé espagnol hors de prix.
Tout d'abord, le lieu : le village perdu de Guzmàn. Michael Paterniti parle de ce dernier comme d'un pingouin en voix d'extinction, dans un monde si rapide et bruyant que le silence est un luxe. Ici, les gens on le temps. Le temps de faire leur propre vin, de réaliser des recettes de six heures, d'écouter les animaux et le blé, les vignes et le ciel. Ils rejettent l'éclairage publique, les magasins et le jambon sous cellophane. Le temps et les opinions y sont figés, dû au respect de codes ancestraux.
Puis la rencontre : Ambrosio, personnage massif et haut en couleur, véritable conteur. Il prône sa philosophie de vie à qui veut l'entendre : bien manger, et bien cagar (chier), voilà la vraie recette pour être heureux !
Son histoire, narrait soir après soir dans cette chambre à récits autour d’un porrón bien rempli, divinise ce grand gaillard sympathique. Une amitié se crée entre leurs deux familles… puis avec tout le village !
Le sortilège du conteur s’ancre dans l’imagination de Michael Paterniti et recouvre de feuille d’or chaque faits rapportés. Et c’est bien là, je pense, la plus intéressante des leçons à tirer de ce livre : les multiples histoires du Cid (tantôt preux, tantôt malfrat), l’histoire du roi qui a eu le malheur d'être relaté par son ennemi etc.
« […] les histoires inexactes que nous avions entendues, d’innocentes erreurs qui contribuaient tout de même à transformer des gens comme les autres, mais pris dans des événements incontrôlables, en quasi-divinités, afin de nous présenter, nous, comme des justes, dans le large flux du temps et du sens. » nous souligne Michael Paterniti, une fois son esprit d’investigateur de nouveau en selle.
C’est un excellent livre du genre, qui nous plonge dans une Castille au fort tempérament ! Je le recommande chaleureusement !
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