AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de migdal


Après la proclamation de la mobilisation, deux jours avant de rejoindre le 106e régiment d'infanterie à Châlons-sur-Marne, délai de mise en route et lieu de ralliement prévus par son livret militaire, Maurice Genevoix était monté au sommet du clocher de Châteauneuf-sur-Loire, le cœur grave. De là-haut, point le plus élevé de la contrée, hauteur familière, il avait regardé autour de lui le pays qu'il aimait et qu'il s'apprêtait à quitter pour il ne savait quelle aventure. Il allait partir, calme et plein de curiosité, vers l'événement inconnu, énorme, terrible probablement, événement qu'il verrait de tout près, de l'intérieur du chaudron d'où sortirait l'avenir. Il allait être jeté dedans. Rien n'était changé de la vie paisible étalée sous ses regards : les toits des maisons assemblés en une mystérieuse harmonie, la Loire qui paresse et s'effile au loin, les champs cuits par l'été, la forêt de Sologne au noir pelage de bête, et les hommes que l'on ne voyait pas, sauf une charrette sur la route d'Orléans, image arrêtée d'une civilisation avant qu'elle bascule. Le passé le tenait au paysage par plus de liens
que tous les regards. Si l'on meurt, que perd-on ? C'est la première fois qu'il se posait cette question. La réponse lui parut étalée sous ses yeux. Ce pays, c'est moi. Si je meurs...
Commenter  J’apprécie          291





Ont apprécié cette citation (29)voir plus




{* *}